Directrice Générale-Adjointe de SUNU Assurances, Godelive de CORDIER OKIT’OTETE fait une lecture du secteur des assurances en République Démocratique du Congo, mettant en exergue les particularités de SUNU Assurances dans le marché africain, particulièrement en RDC. Elle s’est confiée au Magazine Ici & Ailleurs lors d’un entretien.
En quelques mots, qui est Godelive de CORDIER OKIT’OTETE ?
Je suis Godelive de CORDIER OKIT’OTETE, j’ai 38 ans, et je suis mariée et mère de 3 enfants âgés de 14 à 7 ans. Née d’une mère congolaise et d’un père français, j’ai passé une grande partie de mon enfance en France avec une expérience de quelques années en République Centrafricaine. En 2014, mon mari et moi avons décidé de retourner en RDC pour mettre à profit notre expertise et expérience acquises en Europe au service de notre pays, et être plus proches de nos origines. Diplômée de l’École Nationale des Assurances (Enass) et du Pôle MBA de l’École Supérieure de Gestion (Pôle MBA ESG), je suis titulaire d’un Diplôme de Cadre Supérieur des métiers de l’Assurance (Master II en Assurance) et d’un MBA en Droit des Affaires et Management.
Parlez-nous brièvement de votre parcours
J’ai plus de 15 ans d’expérience professionnelle, principalement dans le secteur financier. Après mes études, j’ai intégré le monde du conseil (advisory) en Europe et en Afrique à travers de prestigieux cabinets de conseil spécialisé en stratégie et management tels qu’Atos Consulting ou Ernst and Young (EY). Pendant près de 12 ans, j’ai accompagné de grandes entreprises privées et publiques dans le pilotage de leurs projets stratégiques, la mise en place d’organisation visant l’amélioration de leur performance et la gestion des risques. De par mon expertise dans le secteur d’assurances acquise auprès de grands assureurs internationaux (Axa, MMA/ AZUR, Générali, Allianz, Medgulf, SUNU Assurances), j’interviens à plusieurs reprises en qualité d’enseignante / formatrice. À ce titre, j’ai été Directrice de Mémoire des licences professionnelles Assurance à l’Enass à Paris et chargée de cours à l’École Supérieure de Management de Kinshasa (ESMK). Dès mon retour en RDC, il y a 7 ans, j’ai œuvré et milité pour la libéralisation du secteur des assurances (dont l’importance est primordiale dans notre économie) à travers des conférences, des séminaires pour sensibiliser les opérateurs économiques sur les assurances. J’ai aussi accompagné stratégiquement des entités étatiques et des sociétés d’assurances souhaitant s’implanter en RDC. Cette libéralisation a vu le jour en 2016 avec l’entrée en vigueur du code des assurances ; et son effectivité en 2019 avec la délivrance des premiers agréments. Dès 2018, j’ai décidé d’intégrer le premier groupe d’assurances agréés en RDC en tant que Directrice Centrale, puis quand SUNU Assurances a eu son agrément, j’ai rejoint avec beaucoup d’enthousiasme le Groupe SUNU dans sa filiale en RDC en tant que Directrice Générale-Adjointe.
Qu’est-ce qui vous a poussé à l’époque, à vous spécialiser dans le domaine des assurances ?
Ce qui m’a attiré, c’est essentiellement l’impact de cette industrie sur notre vie quotidienne. Que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle, nous avons besoin de produit d’assurances pour évoluer, avancer en toute sécurité et protéger ceux qu’on aime. C’est cet attrait concret de la vie qui m’a le plus séduit, sans compter qu’ayant une formation de juriste, l’importance du droit dans le domaine des assurances n’a fait que le renforcer.
Avec la libéralisation du secteur des assurances en RDC, quelle est votre lecture de ce marché ainsi que de ses réglementations actuelles ?
Ce marché, comme plusieurs autres secteurs d’activités en RDC, présente un grand potentiel tant sur le plan économique que sur le plan social. L’Assurance a la particularité de revêtir un caractère indispensable au développement de notre pays ; car elle permet de protéger d’une part, les investissements qui y sont ou seront, et d’autre part le patrimoine financier de notre population. Néanmoins, la règlementation actuelle est insuffisante à l’essor du marché et nécessite une complétude et une flexibilité, afin que les freins à la croissance du secteur soient réduits et des leviers d’accélération mis en place.
Quelles sont les particularités de SUNU Assurances sur le marché Africain en général et en RDC en particulier ?
Chez SUNU Assurances, sans aucune prétention, en plus de notre solidité financière et notre bonne présence géographique en Afrique, nous sommes en perpétuelle quête de qualité et d’innovation. Nous avons compris que nous devons nous approprier notre écosystème, et proposer des services toujours plus innovants et accessibles, même à distance. Le Groupe SUNU est composé des sociétés d’assurances mais aussi d’une société de microfinance, d’une société de gestion des budgets, santé des entreprises et des portefeuilles de compagnies d’assurances, et d’une banque. En RDC, nous mettons à disposition notre expérience et notre expertise avec la technologie au cœur de nos offres et activités, adaptées au contexte des congolais et congolaises, de l’économie du pays. Cela passe par la participation des dignes filles et fils du pays à tous les postes au sein de SUNU Assurances IARD RDC, et surtout aux plus importants au niveau de la direction.
Parlant du leadership féminin, que faites-vous pour démarquer votre entreprise dans le secteur des assurances en RDC ?
En tant que femme, j’ai toujours eu l’habitude de travailler deux fois plus pour me distinguer de mes collègues masculins. Par conséquent, je fais très attention aux détails et à la rigueur. J’aime dire que : « le diable est dans les détails ». Cela nécessite de porter une attention particulière à ce que nous faisons et à la perception du travail que nous offrons. C’est ainsi que, je souhaite démarquer SUNU Assurances IARD RDC des autres sociétés du secteur des assurances. Pour nous, le client est au centre de nos préoccupations, de notre attention et de nos process
Quelles sont les valeurs de réussite professionnelle que vous prônez personnellement ?
En tant que Directrice Générale-Adjointe, de manière générale également, les valeurs de réussite professionnelle qui me tiennent le plus à cœur sont :
• Le respect des engagements, car il est important de faire ce qu’on dit, de tenir ses promesses ;
• L’intégrité, car c’est notre réputation qui fait ce que nous sommes ;
• L’expertise, car il est essentiel de maîtriser le domaine dans lequel nous évoluons.
Y a-t-il des opportunités pour les entrepreneurs dans le secteur des assurances localement ? Si oui lesquelles ?
Ce secteur a un double rôle : social et économique. D’une part, pour fonctionner de manière efficiente, il a besoin d’évoluer au cœur d’un écosystème dédié. Par conséquent, un certain nombre de nouveaux corps de métiers vont apparaître avec le temps, pour accompagner le développement de notre activité. D’autre part, ce secteur va permettre aux entrepreneurs d’avoir un soutien et une protection de leurs investissements au travers des produits d’assurances que nous commercialisons.
Y-a-t-il des femmes qui vous inspirent ?
La première femme qui m’a influencée a été ma défunte mère pour son indépendance et son amour pour son continent. Néanmoins, ce sont les femmes maraichères et les vendeuses de pain et de mikate (beignets) qui travaillent dans des conditions très difficiles, mais elles sont tous les jours dans la rue à développer leurs petits commerces pour subvenir aux besoins de leurs familles quelles que soient les conditions. Elles me rappellent au quotidien que nous, les femmes, n’avons pas le droit de baisser les bras et devons tout faire pour nos familles
Comment faites-vous pour gérer votre vie comme femme au foyer et comme Directrice générale adjointe ?
La vie de femme active, épouse et mère de famille n’est pas facile au quotidien, car elle nécessite une double gestion. Par conséquent, cela nécessite de faire preuve de flexibilité, d’adaptabilité, d’organisation ainsi que de rigueur, de compromis et de sacrifice sur mes heures de sommeil. Néanmoins, le mode de vie en RDC nous permet d’avoir un soutien logistique indéniable. En tant que femme au foyer, j’essaie de privilégier la qualité du temps passé auprès de ma famille par rapport à la quantité. En tant que Directrice générale adjointe, je mets au cœur de ma gestion, l’organisation et la rigueur afin d’avoir une démarche de gestion structurée.
Esperance TSHIBUABUA