Sidonie Latere Niati est la fondatrice de Kobo Hub, un accélérateur des startups basé à Kinshasa. Elle a une formation en marketing et publicité en Belgique. En 2013, elle va revenir s’installer à Kinshasa où elle va occuper le poste de directrice de création dans une agence de publicité de la place et une année après elle a créé sa propre boite de communication qui s’appelle Welike qui fonctionne depuis six ans. Très vite, elle s’est rendu compte qu’il y a plusieurs opportunités d’affaire en Rd Congo. Elle va lancer quelques projets qui ont échoué mais qui lui ont permis d’avoir une expérience locale en entrepreneuriat et comprendre les enjeux locaux. Ses échecs et ses quelques réussites l’ont conduite à créer son accélérateur afin d’éviter aux entrepreneurs les erreurs qu’elle a connues.
Plusieurs opportunités existent en RdCongo, constate Sidonie avant de lancer quelques projets qui échouent, mais qui l’aident à acquérir de l’expérience dans l’entrepreneuriat et comprendre les enjeux locaux. Elle enregistre des échecs, mais aussi des réussites qui la poussent à créer Kobo Hub, un accélérateur qui évite aux entrepreneurs des erreurs qu’elle a connues.
Chaque être humain existe pour un but. Cette idée la motive et elle réalise qu’il y a une destinée pour tout le monde. Sa destinée se résume à donner à sa génération un héritage. Elle se positionne alors comme une entrepreneure et un coach qui motive les autres à se surpasser afin d’accorder aux générations futures le privilège de vivre dans un Congo meilleur. C’est dans ce souci de partage, qu’elle lance Kobo hub, un l’accélérateur des startups et de jeunes entreprises en Rdcongo.
La mission assignée à cette structure est d’accélérer l’émergence et la réussite des entrepreneurs locaux en développant des projets qui répondent aux vrais besoins en valorisant les compétences locales. Cet accélérateur dont le nom est tiré de l’arabe signifie « africain ». Il a comme toile de fond l’idée de créer un environnement qui permet aux africains en général et congolais en particulier d’avoir les capacités de pouvoir entreprendre, de chercher les aptitudes, les ressources et les compétences dans un lieu physique pour réussir dans l’entrepreneuriat.
Fonctionnement
Kobo hub n’est pas un incubateur mais un accélérateur. Si le premier est une structure qui permet à des porteurs des projets de développer leurs idées, d’apprendre les abécédaires de l’entrepreneuriat ; le second, à son tour, est une structure qui accompagne des entrepreneurs, des gens qui ont déjà une société, un produit et un service qui fonctionne pour améliorer leurs rendements.
L’accélérateur travaille sur la société, sur l’existant, tandis que l’incubateur travaille sur l’éclosion de l’idée d’entreprise. « On utilise le terme d’accélérateur parce que l’entreprise a besoin d’un coup de pouce ou d’accélération pour aller dans une autre dimension », indique Sidonie qui fait savoir que Kobo hub prend des parts dans chaque entreprise qu’il accompagne. Elle précise, par ailleurs, que la structure reste minoritaire afin de permettre à l’entrepreneur de rester maitre de son entreprise.
L’équipe Kobo hub entre dans le fonctionnement d’une entreprise dans une durée de plus ou moins une année. Une fois les objectifs d’accélération atteints, poursuit Sidonie, l’accélérateur recherche des investisseurs qui vont acheter ses parts et injecter de l’argent dans l’entreprise qui vient d’être accélérée. À partir de ce moment, Kobo hub se retire de l’entreprise.
« Par an, nous pouvons accompagner jusqu’à dix entreprises. Les entreprises candidates passent par une interview et l’accélérateur choisit celles qui ressoudent un vrai problème social. En bref, les entreprises ne choisissent pas kobo hub, mais c’est Kobo hub qui choisit l’entreprise à accompagner », renseigne Sidonie.
Clés du succès
Les facteurs de réussite dans l’entrepreneuriat comme dans d’autres domaines sont nombreux. La fondatrice de Kobo hub est d’avis que la connaissance de soi permet de réussir dans la vie. Chaque personne devra explorer ses capacités pour mieux desceller ses forces et ses éventuelles faiblesses.
Dans cette exploration, explique Sidonie, le futur conquérant doit continuellement se fixer des objectifs de vie. Lesquels constituent le deuxième facteur de réussite, qui peut être d’ordre professionnel, familial, sentimental ou social. L’environnement joue également un rôle très important pour la réussite. « Il est donc important de bien s’entourer car on ne peut pas avancer seul », dit-elle. Enfin, la jeune entrepreneure de 36 ans, pense que la formation a une place de choix dans le parcours de celui qui veut réussir dans l’entrepreneuriat ou dans tout autre domaine.
Elle pense que l’écosystème entrepreneurial congolais est très embryonnaire. Il existe une dynamique, depuis les trois années précédentes, qui est motivante. Selon Sidonie, la RDC possède non pas un écosystème mais, un égo-système entrepreneurial biaisé où les acteurs ne voient que leurs intérêts et parfois, mènent des actions pour détruire un autre acteur de l’écosystème. Ce qui constitue un grand frein pour épanouissement de l’environnement entrepreneurial dans ce pays.
Par ailleurs, Sidonie Latere rappelle que son accélérateur fonctionnait depuis sa création avec ses fonds propres. Au début de 2021, sa structure a reçu un soutien du ministère extérieur des Pays-Bas (hollande) qui apprécie l’excellent travail accomplie par l’accélérateur congolais.
Entrepreneuriat au féminin
Le gouvernement congolais a très peu développé des dispositifs d’encadrement, de formation et d’appui aux femmes entrepreneures qui ont pourtant un fort impact sur la société. Fait qu’elle déplore, soulignant que l’entrepreneuriat féminin n’est pas vraiment mis en avant. Elle fait remarquer que nombreux sont ceux qui ont fait leurs études grâce aux petits commerces que faisaient leurs mères. L’entrepreneuriat, selon elle, concerne aussi toutes ces femmes qui sont dans les petits commerces et vendent dans les rues. « Elles sont dans l’informel mais c’est de l’entrepreneuriat», a-t-elle martelé. Sidonie aimerait que le gouvernement prenne des initiatives pour encadrer ces femmes et croit qu’il y aura de l’impact si des structures s’engagent également à les former, les orienter et les financer.
Henock KUMBALI