Nana Levo : Modèle d’excellence et de résilience d’un profil Made in Congo

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Épouse, Head of communication à CANAL+RDC et membre du comité de direction, Nana Levo Mosala est une professionnelle en communication avec une quinzaine d’années d’expérience en communication au sein des agences spécialisées en la matière et des entreprises.

Au cours de cette interview accordée au Magazine Ici et Ailleurs, découvrez l’ensemble de son parcours et ses réflexions profondes sur les facteurs à prendre en compte pour réussir dans ce domaine.

  • Pouvez-vous nous parler de votre première expérience professionnelle ? Comment êtes-vous arrivée à décrocher un emploi ? Quels conseils donner à ces jeunes qui cherchent des opportunités de travail ?

J’ai commencé ma carrière en agence de communication «  Pygma Communication ». J’y ai envoyé mon cv après qu’un de mes grands amis et collègues d’université qui y travaillait déjà depuis quelques années m’avait dit qu’on recherchait quelqu’un pour un poste d’account exécutive. Je n’avais pour expérience que mes quelques mois de stages académiques et professionnels. J’ai été rappelée, j’ai passé mon test écrit, une interview et j’ai été retenue. De là, j’ai appris les ficelles du métier et j’ai accepté d’exécuter toutes les tâches qui m’étaient demandées de faire, même celles ne figurant pas dans mon job description. J’y ai appris à travailler sous pression, à être multitâches, à ne pas compter mes heures, à me surpasser parce que je voulais et je devais apprendre. Deux années après, ces éléments m’ont servie pour mes postes futurs notamment comme chargée de communication, puis responsable communication et marketing au sein d’une entreprise spécialisée en gestion des ressources humaines « Sodeico Manpower ». Et ensuite, en agence « Optimum Communication » où j’avais dans mon portefeuille client, des multinationales dans les télécommunications qui, évidemment font face à des développements de campagnes de communication dans des délais parfois courts pour répondre aux impératifs du marché.

Et donc à ces jeunes sortis d’Universités, je leur dirais d’accepter de commencer bas et de gravir ensuite les échelons, de se perfectionner, de saisir toutes les opportunités d’apprendre, d’être patients parfois mais déterminés en même temps, de viser l’excellence et d’avoir un plan de carrière avec des objectifs et une vision claire. D’avoir des ambitions et se donner le moyen de les atteindre, bien sûr en respectant les règles d’éthique, les valeurs morales et le savoir-vivre qui sont parfois très déterminants dans la qualité de notre parcours professionnel.

  • Selon vous, comment peut-on avoir plus de jeunes locaux « Made in Congo » à des postes de responsabilité ?

Les compétences sont bien là et « Made in Congo » comme vous le dites.

Et parfois, les jeunes eux-mêmes ne le mettent pas en avant ou ignorent comment le faire d’une part et d’autre part, les entreprises ne sont pas suffisamment confiantes quant à recruter des personnes ayant totalement fait leurs études en RDC, au regard des certaines réalités de notre système éducatif.

Une de pistes de solution est le mentoring qui pourra permettre aux jeunes de côtoyer le monde professionnel pendant leur cursus académique avec des stages afin de créer une véritable adéquation entre la théorie et la pratique. Ils seront également découverts par ces entreprises et l’intégration sera plus facile ensuite.

Ce ne serait pas mauvais non plus le partage d’expérience des professionnels au sein des universités. Les jeunes pourront ainsi mieux visualiser les débouchés des études qu’ils font et mieux se préparer pour être compétitifs sur le marché de l’emploi.

  • Quels ont été les éléments déclencheurs de réussite dans votre carrière de communicatrice ?

Ma foi en Dieu, la confiance en soi, la persévérance, la résilience, la bienveillance, la droiture et j’ai toujours visé l’excellence. Des valeurs qui m’ont été transmises par mes parents très jeune et qui n’ont jamais fait de différence entre mes sœurs, mes frères et moi. Ils nous ont toujours dit que nous étions capables de tout faire, de tout devenir si nous nous en donnions les moyens. J’ai également eu la chance d’avoir rencontré des personnes qui ont cru en moi en me confiant certaines responsabilités et qui m’ont accompagnée à me développer personnellement et professionnellement. Et surtout le fait d’être mariée à un homme qui croit en moi et qui est d’un soutien indéfectible dans ma carrière. Aussi depuis quelques années, je fais de mon mieux pour observer les 4 accords toltèques de Miguel Ruiz qui consistent à ne rien prendre personnellement, à ne pas faire de suppositions, à avoir une parole impeccable et à toujours faire de son mieux.

Entant que responsable de communication chez Canal+, quels sont les défis auxquels vous avez fait face ? Le 1er défi a été d’ordre structurel ; la RDC est un pays continent avec des infrastructures pas comme il faut pour le moment, c’est donc un défi permanent de trouver des partenaires capables d’accompagner de façon efficiente les équipes de communication, surtout dans le Congo profond. Faire preuve d’adaptation et être force de propositions sont indispensables pour ce poste. Notre diversité culturelle qui fait notre richesse, est également à prendre en compte dans notre façon de communiquer. Il faut des messages adaptés, localisés en fonction des villes, des régions mais également sur des supports de communication bien choisis. Et en tant que multinationale, le volet sur la responsabilité sociale est très important. Il fallait développer des stratégies pour communiquer de façon efficace sur nos engagements sociétaux et / ou les renforcer pour être davantage proche des communautés locales.

  • Quelles sont les erreurs que vous avez commises dans votre parcours professionnel que vous auriez voulu éviter ? Comment les avez-vous corrigées ?

Je ne parlerais pas d’erreurs parce que l’on peut apprendre de tout ce qui nous arrive. Et grâce à Dieu, j’ai toujours eu le courage de savoir partir quand il le fallait, quand c’était nécessaire pour ne pas perdre la passion. Et ce que je suis aujourd’hui, c’est la somme de toutes les décisions que j’ai prises pendant ces quinze années aussi bien les meilleures que les moins bonnes. Ne dit-on pas que « les erreurs dans la vie sont les meilleures leçons ; tu n’apprendras rien dans la vie lorsque tout est parfait ».

  • Quels sont, selon vous, les atouts pour réussir dans votre domaine ?

Je veux en citer quelques-uns mais la liste n’est pas exhaustive : être autonome et avoir le sens des priorités, être force de propositions, ouvert d’esprit, capable d’innover, faire preuve de minutie, être à l’écoute, savoir s’adapter et avoir le contact facile. À cela, il faudra ajouter les compétences techniques acquises à l’université ou à travers des formations…

  • Quels conseils pourriez-vous donner aux femmes en général et jeunes filles en particulier qui œuvrent dans le domaine de la communication ?

La femme doit croire en elle par-dessus tout ; nous devons être fières d’avoir des ambitions, de nous fixer des objectifs et nous donner les moyens de les atteindre en cultivant des valeurs comme l’excellence, l’honnêteté, la détermination, la droiture… Il fût un temps où la femme était obligée de choisir entre sa vie sociale (famille) et professionnelle ; aujourd’hui nous pouvons avoir les deux et la réussite est l’adéquation parfaite entre les deux. Pour celles qui le peuvent, qu’elles inspirent, encouragent, encadrent la jeunesse. Et pour celles qui veulent œuvrer dans le domaine de la communication, leur choix professionnel doit concourir à leur épanouissement. Le travail occupe une bonne partie de notre vie donc nous devons être heureux de ce qu’on fait. Rêvons grand et vivons nos rêves pleinement.

  • Quelles sont les femmes qui vous inspirent ? Et pourquoi ?

Elles sont nombreuses mais la 1ère femme qui m’inspire est ma mère, Madame Charlotte Levo. Elle a joué un rôle considérable dans ce que je suis aujourd’hui. Elle a réussi pendant des années à concilier parfaitement son rôle d’épouse, de mère et d’employée. C’est mon modèle par excellence. Elle m’a conforté dans la position que je peux tout avoir, une carrière et une vie de famille épanouie et ne pas avoir à choisir l’un ou l’autre. Il y’ a également Marie-Chantal Kanyinda qui est la Directrice Exécutive et responsable des affaires générales de Glencore RDC, qui a un parcours remarquable et qui force le respect. Et enfin Michelle Obama, pour sa force de caractère et sa capacité à porter si bien ses différentes et multiples casquettes.

Prisca ALISI

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