Entrepreneure dans l’ombre, Annie Odia Ngoyi est une femme battante qui parcourt les rues et avenues de Kinshasa à l’aurore en quête de pains auprès des boulangeries. Mariée et mère d’une famille nombreuse, cela fait 10 ans qu’elle exerce le métier de vendeuse de pains. Cette activité est pour elle, un moyen pour subvenir aux besoins de son foyer et soutenir son mari afin de financer les études de leurs enfants et plusieurs autres charges ménagères, car selon elle, la femme doit apporter sa contribution pour assurer la survie des siens.
Caissière auparavant dans une chambre froide de la place, elle y a travaillé pendant 12 années. La chambre froide tombe en faillite et Madame Odia Ngoy se retrouve sans emploi. Femme travailleuse, durant sa période de chômage, elle réfléchit sur ses options et l’idée de lancer son propre business germe dans son esprit : « avec le peu d’argent que j’avais en ma possession, j’ai décidé de me lancer dans la vente de pains. Je me souviens que ma première commande équivalait à 2500fc. Mais aujourd’hui avec beaucoup d’efforts, je fais une commande qui coute 70.000fc par jour» raconte-t-elle.
Contrairement à celles qui parcourent les rues de la capitale ou trouvent un coin pour liquider leur commande, Annie Ngoyi a adopté une technique de livraison à domicile dans plus de 5 avenues de la commune où elle vit. « Je procède par la livraison à domicile auprès de mes potentiels clients. Il y a ceux qui payent sur place et d’autres le lendemain avant que je n’aille récupérer ma commande du jour» dit-elle.
Parlant des difficultés dans son métier, elle énumère les risques qu’elles prennent avec l’insécurité qui sévit dans certains coins de la capitale ; en cas d’indisponibilité, la difficulté d’annuler une commande passée parce que la commande s’effectue un jour avant la livraison ; la hausse des prix des biens de première nécessité qui occasionne dans certains cas la hausse du prix du pain et il est ainsi difficile pour elle de faire bénéfices. Et, il y a aussi la difficulté dans le recouvrement des créances auprès de débiteurs qui, des fois, nient leurs dettes.
Avec ses 10 ans d’expériences comme vendeuse de pain, elle a pu soutenir son foyer et souhaite pour les années avenirs se lancer dans une autre activité. « Avec mon âge et mon état de santé, je voudrais rester dans à un endroit fixe, l’idée est donc d’ouvrir un mini super marché » explique-t-elle.
A l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits de la femme, elle exhorte la femme à se lever et à s’affirmer dans la société par le travail. Annie renchérit en maitresse de maison, la femme doit travailler pour soutenir son foyer. Elle complimente les femmes qui ont pris conscience de leur participation pour la survie de leurs familles et de notre société en cultivant l’esprit entrepreneurial. Pour elle, aujourd’hui la femme mérite non seulement l’estime de son mari mais aussi celle de la société entière.
Grace NKUNKU