Féministe engagée, Alice Buyle est diplômée en Marketing dans une Haute École Économique (ISEC) à Bruxelles. Elle a pris la résolution de défendre l’intérêt de la femme. Dans cette interview accordée au Magazine Ici et Ailleurs, elle parle de son expérience professionnelle et met un accent particulier sur la motivation et la détermination qu’elle estime indispensable dans la vie d’une entrepreneuse. Elle s’insurge contre tous ceux qui s’opposent au développement de la femme et encourage celle-ci à croire en ses capacités.
Alice Buyle est une femme qui a embrassé plusieurs casquettes tout au long de son parcours. Elle débute au sein du groupe AXA Belgium où elle travaille en qualité d’experte Claims pendant huit ans. C’est au sein de cette entreprise qu’elle a acquis une expérience professionnelle aux normes internationales. Le secteur bancaire ne la laisse pas indifférente. Elle va occuper pendant près de dix ans le poste de Directrice de Marketing et communication dans une grande banque à Kinshasa. À l’heure actuelle, elle est Directrice générale de la société « Lilia Communication », sa propre société qui est spécialisée dans la communication du secteur bancaire et des assurances.
« La vie n’est pas un long fleuve tranquille », dit-elle lorsqu’elle insiste sur la détermination « qui permet de ne pas vivre au gré des vagues ». À son avis, sans la détermination, il est impossible d’atteindre des objectifs que l’on s’est fixé. « Dans une bonne louche de détermination, rajouter une dose de performance et saupoudrer le tout de passion et le tour est joué », a-t-elle confié parlant du secret de sa réussite.
Croire en ses capacités
Le statut de la femme doit évoluer, estime Alice qui note quand même quelques avancées notables mais encore trop rares que la société congolaise enregistre de nos jours. Par ailleurs, elle souligne de nombreux défis, notamment l’injustice, la discrimination, l’intimidation, le harcèlement physique et moral dont la femme continue à faire face pour accéder à certains avantages réservés aux hommes.
Pour elle, la femme congolaise doit se montrer particulièrement déterminée afin de faire face à tous ces obstacles. « Le fait qu’il existe une culture typiquement masculine dans la plupart des entreprises », poursuit-t-elle, cela constitue un obstacle de taille à l’avancement des femmes dans la hiérarchie organisationnelle.
Pour qu’une femme s’affirme efficacement en tant que leader dans la société, explique la Directrice générale de « Lilia Communication », elle doit pouvoir déjouer les préjugés, s’adapter sur le terrain, miser sur le collaboratif et forcer les portes pour avancer. « La femme doit également travailler autant que l’homme ou même plus pour mériter sa place au sommet », martèle-t-elle, mettant un accent sur la compétence.
De l’entrepreneuriat féminin
Culturellement, fait savoir Alice Buyle, l’entreprenariat en Afrique est dans l’ADN féminin depuis belle lurette. « L’entrepreneuriat féminin est en train de prendre son envol avec des femmes inspirantes et audacieuses qui ont su dépasser tous les clivages par leurs talents et leurs compétences », ajoute-t-elle, en encourageant les femmes à se donner plus à l’entrepreneuriat. Selon elle, l’État devrait davantage prendre des mesures incitatives pour dynamiser cet entreprenariat de la femme congolaise.
Plusieurs années de carrière et regardant en arrière, vers le début de sa vie professionnelle, Alice Buyle aurait voulu qu’on lui dise de croire en ses capacités. Aujourd’hui, elle conclut que « tout est possible à une femme déterminée ». L’on ne devait surtout pas la laisser se décourager par ceux qui ne croient pas en elle, bien souvent pour des raisons subjectives. C’est ce qui lui a manqué comme conseil à ses débuts et c’est ce qu’elle donne aujourd’hui comme orientation à tous les jeunes, surtout les femmes qui aimeraient se lancer dans cette aventure. Pour Elle, il est important de dire aux jeunes de continuer à nourrir leurs rêves avec le fruit de leur travail et la persévérance. “Il faut faire les choses avec amour. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut créer des étincelles autour de soi”, conseille-t-elle aux femmes.
Tout au long de sa vie, Alice est influencée par ses parents qu’elle considère comme modèle. C’est grâce à eux, avoue-t-elle, qu’elle s’améliore au quotidien et cherche constamment l’excellence. Chrétienne, elle croit en la puissance de Dieu et reconnait en sa foi une grande source d’inspiration. Le cinéma l’accroche aussi. « Les figures de l’ombre », c’est le titre d’un de ses films préférés. Ce dernier a retenu son attention surtout lorsqu’elle y voit la détermination de ces femmes héroïnes scientifiques Afro-Américaines qui ont été maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à des profondes inégalités. Une leçon qu’elle a pu tirer.
Keren BISALE