Céline Banza est une artiste congolaise, auteure-compositrice-interprète évoluant au sein du label indépendant de production musicale Bomaye Musik. Cette figure émergente de la scène musicale détient un diplôme de graduat en ethnomusicologie de l’Institut National des Arts (INA) en 2019. Elle est lauréate de l’édition 2019 du Prix Découvertes RFI.
L’artiste apparait sous les feux des projecteurs à 22 ans en remportant en novembre 2019, le prestigieux Prix Découvertes de Radio France internationale, un prix qui célèbre les jeunes talents de la musique africaine et qui, les propulse dans une carrière internationale.
Poussée par son défunt père, elle va faire ses premières vocalises au sein de la chorale de son église et à l’école avant de côtoyer le studio Kabako de Kisangani ainsi que les artistes qui y résident après la mort de son père. C’est dans ce studio, dont elle garde de beaux souvenirs, qu’elle va prendre le goût de la musique et de la scène en prestant pour la première fois à l’alliance française de Kisangani en 2013 avec un panel d’artiste du studio Kabako dont des rappeurs, danseurs et chorégraphes..
De retour à Kinshasa, après son hégire à Kisangani, elle décide de faire de la musique sa profession en s’inscrivant à l’institut national des arts où elle va approfondir ses connaissances musicales en prenant la guitare comme instrument d’étude. Instrument dont son père rêvait la voir jouer en chantant, au point qu’il lui avait offert une petite guitare que l’artiste garde jalousement. « La passion de la guitare, je la tiens de mon père. C’est lui qui m’a offert ma première guitare et j’affectionne beaucoup cet instrument. », Raconte Céline Banza qui ne fait qu’un avec sa musique et ne jure que par elle.
C’est avec cet amour de la musique qu’elle va participer à The Voice Afrique francophone où elle ne va pas faire un long parcours mais plutôt retenir des grandes leçons de son coach ASALFO, qu’elle va mettre en pratique dès son retour à Kinshasa. « ASALFO, il était très vrai envers nous tous. Je n’ai pas eu un long parcours mais quand j’étais éliminée, il est venu vers moi pour me dire : écoute Céline, moi je n’ai pas besoin des choristes. J’ai besoin des gens qui veulent être devant, pas des gens qui veulent se plaindre parce qu’ils ne connaissent pas la chanson. Tu dois travailler pour arriver où tu veux aller, tu dois travailler pour ça. Quand je suis retournée à Kinshasa pour beaucoup, c’était un échec, pour moi aussi au départ. Mais quand j’ai compris que ça ne peut être un échec que si je reste par terre, je me suis dit Céline écoute, travaille ».
C’est ainsi qu’elle va mettre cette résolution en pratique en se lançant dans la composition de ses chansons ; en assistant aux concerts gratuits dans les centres culturels. Pour elle, The Voice était le déclic qui l’a réveillé et fixé sur son avenir musical. « De retour à Kinshasa, je me suis mise à composer et à créer mes chansons. Je suis allée suivre des spectacles gratuits par-ci par-là dans différents centres culturels. Je pense que The Voice m’a motivé, m’a donné beaucoup de courage pour me réveiller et pour me construire mon avenir », explique-t-elle.
C’est avec sa chanson « Tere mbi » qui signifie « mon corps », qu’elle a composée dans le cadre de la pièce théâtrale du metteur en scène Fabrice Mukala, qu’elle va remporter le prix de RFI découvertes 2019 et qui va marquer un tournant dans sa carrière d’artiste. La chanson primée a pour but d’affirmer la valeur de la femme et de son corps au-delà du regard masculin. Elle la chante, principalement, en Ngbandi, une langue parlée dans le Nord-Est de la RD Congo.
Céline Banza a fait le choix de plus chanter dans sa langue maternelle plutôt qu’en français ou en anglais, parce qu’elle veut que le public connaisse sa culture et son identité. Dans ses textes, rassure-t-elle, le public peut aussi entendre du français, un peu de l’anglais et du lingala.
Jeune, belle, prodigieuse, elle vient de révéler aux amoureux de la musique ses talents artistiques et raconter sa vie, ses petites histoires et tout ce qui influence son cœur à travers son admirable voix parfois mélancolique. Son opus renferme treize titres, dont deux collaborations avec Sarah Bitamazire et Youssoupha. On peut également découvrir des morceaux comme : « Na Mileli », « Tere Mbi » ou « Mbi Yemo Si Baba » la chanson qu’elle dédie à son père à qui elle doit la musicienne qu’elle est devenue aujourd’hui. Dans ladite chanson, elle exprime le sentiment de manque que la perte inopinée de son géniteur a occasionné ; et extériorise le désir de montrer à son père ce qu’elle est devenue aujourd’hui avec la petite guitare qu’il lui avait achetée à son jeune âge.
« Mbi Yemo Si Baba » est la chanson que j’ai dédiée à mon père, parce que si je suis chanteuse aujourd’hui c’est grâce à lui. Ma force et mon inspiration je les puise en lui. Dans la chanson, je dis qu’à jamais je l’aimerai. Je lui demande aussi de me regarder aujourd’hui avec ma nouvelle guitare. Cette guitare qu’il m’a offerte il y a 15 ans est trop petite aujourd’hui. À chaque fois que je suis sur scène, je le cherche et au final je le vois dans mon public. Il est là. Quand je vois son visage toutes les peurs et doutes s’en vont.», Ajoute-t-elle.
L’Album Praefatio, dont le titre rappelle le procès de Cicéron pour Archias, a une performance remarquable sur les différentes plateformes de téléchargement légal. Dans le cadre de la promotion de ses œuvres produites par le prestigieux label de Youssoupha, Céline Banza effectue depuis quelques temps une tournée musicale dans différents pays d’Afrique : Burkina-Faso, Niger, Togo, Bénin, Angola, Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, l’artiste consacre sa vie hors du studio à faire la cuisine qui, dit-elle, l’aide à se vider la tête. Elle est aussi passionnée du théâtre et du cinéma où elle a déjà fait ses débuts comme actrice. La jeune découverte de la radio France internationale, encourage les jeunes filles qui veulent se lancer dans la musique ou dans l’entrepreneuriat de croire à leur rêve et bien plus d’y travailler pour convertir leur rêve en réalité vivante.
Henock Kumbali