D’origine congolaise de la République Démocratique du Congo, Debora Kayembe a acquis la citoyenneté Britannique. Militante politique spécialisée dans les dossiers des droits humains, elle prend les rênes de la prestigieuse université d’Édimbourg comme première noire et troisième femme depuis sa création en 1858.
Debora Kayembe est élevée par sa tante paternelle et son oncle médecin, au sein d’une famille aisée et très proche du pouvoir du feu président Mobutu Sese Seko. À 19 ans, elle observe les inégalités et les injustices vécues dans les milieux reculés de Kinshasa. Elle remarque la présence des enfants pauvres souffrant de la famine. Cela la révolte. Elle décide alors de faire les études de droit à l’université libre de Kinshasa et devient avocate et membre du barreau congolais en 2000. Pour des raisons sécuritaires, en 2004, Debora Kayembe est contrainte de quitter la RDC et s’exile en Ecosse au Royaume-Uni. Son départ est justifié par des menaces reçues de la part d’un groupe armé.
Bien avant son élection au rectorat d’Édimbourg, la nouvelle rectrice s’est distinguée dans la société Écossaise. Plurilingue, elle joue le rôle d’interprète et de traductrice dans les questions liées aux réfugiés. C’est ainsi qu’elle crée une société de traduction. Installée à Édimbourg en 2011, Debora Kayembe intègre la société royale d’Édimbourg ; et participe dans le groupe de travail pour l’Afrique en tant qu’expert sur les questions Africaines. Le 19 août 2019 un tabou est brisé au sein de la Société Royale d’Édimbourg. Un portrait est érigé en l’honneur de l‘activiste des droits de l’homme, devenant ainsi la première africaine à avoir son portrait auprès de la noble institution en 176 ans dans le mur de cet immeuble pré – colonial. La congolaise est de ce fait inclue dans la liste des Avocats et linguistes auprès du greffe et le bureau du procureur de la cour pénale internationale à la Haye. Elle se démarque au sein de Scottish Refugee Council comme membre du conseil d’administration.
Égalité pour tous !
Pour promouvoir notamment les réformes sociales et l’entente au sein des communautés Écossaises, Madame Debora Kayembe lance « Freedom Walk » et crée l’association caritative « Full Options». Elle est émue par sa nomination à la tête de cette prestigieuse université. « C’est quelque chose que je n’ai jamais cherché, c’est arrivé sur un plateau », dit-elle, exprimant un sentiment de profonde gratitude pour ceux qui l’ont désignée en tant que candidate tout en restant consciente qu’il s’agit d’une grande responsabilité. « Je suis un exemple qui montre au monde que si vous êtes capable de réaliser les bonnes choses et lutter pour la justice en s’oubliant et en mettant la cause des autres en avant, la récompense sera toujours grande », avait-elle confié à l’AFP le lendemain de son couronnement.
Peu de temps avant sa nomination comme rectrice, la militante de droits humains a été victime de quelques cas de racisme. Une nuit, une dizaine d’adolescents ont scandalisé devant sa maison : « Rentrez chez vous ! » Ensuite, elle a frôlé un accident de circulation parce que quelqu’un lui avait saboté les pneus. Au lieu de chercher une confrontation avec ses agresseurs, Debora Kayembe décide de concevoir un message de tolérance et de dialogue sur les réseaux sociaux en disant : « Écoutez, ces choses font partie du passé. On a dépassé ça. Si vous ne comprenez toujours pas, il va falloir qu’on dialogue. C’est ça mon message, rien d’autre ».
Peu après ce message, sa fille est aussi tombée victime du racisme dans son école, lorsque sa maîtresse lui demande de faire « une danse d’esclaves » en présence de ses condisciples. Cette situation n’a pas laissé l’avocate indifférente et décide de lancer une pétition au parlement Écossais, afin de remédier urgemment le racisme qui se vit dans le système éducatif.
C’est suite à son message pertinent que la quadragénaire captive l’attention de l’université d’Édimbourg jouissant d’une grande renommée. Certes, son parcours est coriace, Debora Kayembe ne se voyait pas à ce poste. C’est en novembre dernier qu’elle avait été approchée par les dirigeants de la prestigieuse institution pour savoir si elle envisagerait d’occuper ce poste. Avec peu de chances, elle décide de prendre la main tout en ayant l’idée d’être la moins prestigieuse pour ce poste. Mais, elle a été encouragée par ces derniers. « Ils m’ont dit qu’en tant que rectrice de l’université, mon message ira loin et le monde entier écoutera », a-t-elle rapporté, indiquant les raisons de sa nomination. Cette nomination est, à son avis, le fruit de ses 28 ans de carrière en tant qu’activiste de droits de l’homme pour laquelle elle a sacrifié beaucoup de choses. « Ceci est le fruit de plusieurs années de dur labeur, de discipline, d’humiliation, des douleurs et la poursuite de l’excellence, » ajoute-t-elle.
Élue le 3 Février 2021, Debora Kayembe accède à ses fonctions le 1er mars de la même année avec un mandat de 3 ans. Une fierté nationale et un sentiment d’émotion pour sa famille. La cérémonie inaugurale est prévue à une date ultérieure à cause du COVID -19.
Par la même occasion, la rectrice a lancé un message d’espoir pour le continent africain. « L’Afrique a besoin de l’éducation, de la meilleure éducation. Mon rôle sera de m’assurer que ce soit tout en haut de l’agenda », accentue-t-elle.
Au sujet de comment la nouvelle rectrice compte aider l’Afrique au cours de sa mandature, Debora Kayembe pense que toutes les options sont ouvertes. Le primordial est par rapport à l’éducation et la sante ainsi que la survie des populations. Elle pense que, tous les africains doivent travailler dans le but d’éradiquer « les morts non justifiés » afin de valoriser le droit de la vie ainsi que la dignité humaine, en combattant la pauvreté et en offrant les opportunités de formation, des échanges éducatifs à tous les niveaux scolaire ou académique.
Géographiquement, la rectrice d’Édimbourg va, dans les jours à venir, commencer des actions liées à l’éducation et la santé dans « le Katanga en général » avant d’enchainer avec le reste de la RDC. En ce qui concerne l’Afrique, elle a déjà commencé avec les renfoncements des relations entre la société royale d’Édimbourg et l’université d’Édimbourg. Aussi, Debora Kayembe entend ouvrir les nouvelles portes et les horizons entre l’Ecosse et le continent africain. Elle prévoit de créer beaucoup d’échanges éducatifs sur le développement des capacités professionnelles.
Il sied de rappeler que, la vénérable institution britannique fondée en 1858, figure parmi les dix meilleures universités d’Europe (l’université détient au total 25 prix Nobel) et compte parmi ses anciens étudiants des premiers ministres et athlètes olympiques. Elle est désormais, la 16ème meilleure université au monde. Et cela, 4 mois après l’élection de Debora kayembe, sortant de sa 20ème place durant ses deux dernières années.
Le poste de recteur au cours de l’histoire a été occupé par d’éminents politiciens et personnalités du XVIIIème et XIXème siècle à l’instar du Sir Winston Churchill. Et, Debora kayembe est la 54ème personne à occuper ce poste de recteur au sein de l’université d’’Édimbourg. Elle est la première noire et la troisième femme à accéder à ce poste.
Par ailleurs, Debora Kayembe encourage les jeunes à être déterminés dans la poursuite de leurs objectifs. Bien plus, elle exhorte la jeunesse de s’adonner à l’éducation et de ne jamais cesser d’apprendre car dit-elle, l’éducation a un pouvoir extraordinaire et ce n’est que par elle que le grand Congo pourra atteindre son idéal. Pour la 20eme rectrice d’Édimbourg, son Congo idéal est un pays qui est doté d’un système qui protège son peuple, le nourrit, l’éduque et soutient son vieil âge, ses leaders politiques sont au service du peuple. Un Congo qui investit dans son infrastructure, protège sa faune et sa flore, défend son territoire contre toute sorte d’agression, maintient son hospitalité légendaire en organisant ses frontières. Il est tolérant de toutes les religions du monde, investit sur sa jeunesse et accompagne la vie financière des familles. Et enfin, Congo, une terre de brave qui n’exclut personne, reçoit et protège les réfugiés.
Enfin, Debora Kayembe avoue que le climat, la nourriture, le paysage, le champ matinal des oiseaux, les pluies et l’air frais de la République démocratique du Congo lui manque énormément.
Grace NKUNKU