Membre du conseil d’administration de la Fédération des Entreprises du Congo(FEC) et Présidente de la Commission Nationale Sociale, Patricia Veringa Gieskes est une entrepreneure congolaise engagée dans les matières concernant l’emploi et la réduction de la pauvreté. Serial entrepreneur, elle est à la tête de plusieurs entreprises comme The Job Factory, une société spécialisée dans les ressources humaines ; Oracles, une entreprise qui fournit des tests rapides pour le dépistage de la Drépanocytose, G6PD, Malaria et autres maladies et voudrait créer des laboratoires de références en zones rurales ; TJF capital, une entreprise d’investissement de capitaux axe vers la PME. Elle est également administrateur de l’Institut National de Préparation professionnelle (INPP) et Présidente l’organisation sans but lucratif Bilenge Ya Kinshasa, dédiée à l’essor de la jeunesse, l’entreprenariat Congolais et la mise en relation avec des partenaires étrangers.
Parcours
Née à Kinshasa en République Démocratique du Congo, Patricia Veringa Gieskes évolue aux Pays-Bas où elle décroche son bac à seulement 16 ans. Détentrice de ce diplôme, elle va commencer une carrière commerciale dès sa majorité. Elle ne fera pas d’études universitaires, mais se forme de manière immersive en Belgique au sein de grandes entreprises européennes et américaines.
Avec une expérience pragmatique principalement en ressources humaines et en informatique, elle quitte l’Europe pour rejoindre une entreprise florissante en Afrique du Sud où elle travaille pendant des années avant de décider de rentrer en République Démocratique du Congo, son pays d’enfance pour finalement s’y installer.
Une fois à Kinshasa en 2004, elle entame une carrière au sein de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), agence des Nations Unies, en tant que chef de mission adjointe. Elle crée en Avril 2006 sa première entreprise en République Démocratique du Congo, The Job Factory pour résoudre la problématique de l’emploi dans ce pays où le taux de chômage des jeunes est considérablement élevé. Deux ans après le lancement de son entreprise, elle rejoint la fédération des entreprises du Congo (FEC) où elle joue un rôle considérable à la création du comité des Service Prive de Placement, qu’elle préside.
Avec plus de 30 ans d’expérience, elle travaille aujourd’hui sans relâche pour lutter contre le chômage et la misère qui sévit dans sa patrie. Elle a lancé plusieurs entreprises entre autres Oracles, TJF Capital et participe activement dans plusieurs structures d’accompagnement des jeunes et des femmes.
Sur tous les projets qu’elle a initiés au sein de la Fédération des entreprises du Congo, Patricia est particulièrement fière de l’augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti, SMIG en sigle, qui, grâce au travail abattu par sa commission est passé de 33$ en 2017 à 120$ en 2018. À ce sujet, elle confie qu’il reste encore un énorme travail à accomplir au niveau de la tension salariale qui demeure jusqu’à nos jours un énorme problème et une lourdeur pour les entreprises et empêche une augmentation plus régulière du SMIG et ce dans le secteur publique comme dans le secteur privé.
Entrepreneure de son état, elle pense que l’écosystème entrepreneurial congolais est dynamique et évolue dans le bon sens mais ladite évolution reste excessivement lente. Cette lenteur ne favorise pas, à titre illustratif, le développement des PMEs qui rencontrent aujourd’hui de sérieuses complications dans l’obtention des financements et des contrats malgré les avancées significatives que le gouvernement en place essaie d’engranger. Tout en se réjouissant de la multiplication des incubateurs, Patricia Veringa Gieskes veut jouer sa partition en accompagnant les petites et moyennes entreprises avec un appui financier équitable au travers de son entreprises, TJF Capital.
Outre la lenteur dans le développement de l’écosystème entrepreneurial congolais, la patronne de The Job Factory pense que l’environnement des affaires en RDC a besoin de beaucoup de bonne volonté pour atteindre son apogée. Les cadres législatifs sont bien présents mais la mise en pratique reste encore une autre paire de manches.
Facteur de réussite
Sérial entrepreneure, la patronne de plusieurs entreprises en RDC avoue qu’elle essuie au quotidien des échecs qui l’aident, l’instant d’après, à s’améliorer. À son avis, les échecs sont généralement le chemin qui mène au succès. Elle possède une vision communautaire de la réussite. La CEO de The Job Factory pense qu’elle pourra considérer sa carrière et sa vie réussies que si et seulement si son prochain a une vie décente « On ne peut pas considérer que nous avons réussi dans la vie quand il y a encore beaucoup d’enfants qui dorment dans la rue et quémandent du pain chaque jour. Notre réussite doit se mesurer sur notre participation à améliorer celle des autres. Je veux que ces enfants qui vivent dans la rue aient une même qualité de vie que mes propres enfants, qu’ils aillent aussi au cinéma comme les miens », renchérit-elle.
Au sujet de la parité
Patricia Veringa- Gieskes ne croit pas à l’existence d’une égalité entre l’homme et la femme. À son avis, la femme est de loin supérieure et doit connaitre et comprendre son rôle, sa mission, du à sa capacité afin de pouvoir vivre une vie accomplie en donnant le meilleur d’elle dans le but d’améliorer son environnement. Il faut que les entreprises le comprennent et qu’elles mettent en place un dispositif particulier pour les femmes afin de les encourager à faire carrière tout en accomplissant d’autres tâches naturelles qu’elles sont les seules à faire ; Mettre au monde. « L’Afrique ne doit pas copier le modèle Occidental qui s’est servi de la lutte pour le droit des femmes pour diminuer la maternité afin de pouvoir faire carrière, les deux devraient être compatibles. Le droit des femmes ne fait pas de nous des hommes, mais des êtres à part entière jouissant de nos droits, semblables aux hommes. La force du continent africain ce sont ces jeunes, or, si les femmes arrêtent d’accoucher, l’Afrique va se retrouver comme l’Occident vieillissante, aujourd’hui oblige de recourir à l’immigration pour combler son manque de main-d’œuvre. La maternité est donc une nécessité économique», argumente la patronne du social à la FEC.
Femme très attachée à sa famille, elle dit devoir sa carrière à sa grand-mère qui fut une femme forte et qui s’est assuré de transmettre cette culture de travail et de résilience à ses filles et petites-filles. Ce trait de caractère a été déterminant dans son parcours socio-professionnel. Patricia avoue aborder la vie avec beaucoup d’équilibre aujourd’hui. Ses priorités restent respectivement : son mariage, ses enfants et sa carrière. Selon elle, troubler cet ordre revient à perdre son équilibre personnel.
Par ailleurs, elle encourage les jeunes entrepreneurs, les PMEs et tous ceux qui aspirent à une carrière d’entrepreneur, de rejoindre des corporations et organisations professionnelle comme la FEC, qui à travers le projet Renaissance veut montrer le visage d’une fédération beaucoup plus inclusive.
Henock KUMBALI