Né le 22 septembre à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), Monsieur Anthony Nkinzo Kamole est le Directeur Général de l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) et depuis le 20 juin 2022 il a été porté par ses pairs à la Présidence du prestigieux Réseau International des Agences Francophones de Promotion des Investissements, RIAFPI en sigle.
Avec résilience et abnégation, il fait la promotion de son pays, la RDC, qu’il considère comme la destination idéale pour des investissements sur le continent. Dans cette Interview, découvrez un dévoué pour la cause de son pays. Il évoque, dans les lignes qui suivent, l’importance capitale de parier sur la RDC dans une époque où la question du changement climatique est au cœur des débats. Il souligne, en outre, les avancées enregistrées par son pays dans le domaine économique, et notamment sur les questions liées à l’environnement des affaires.
- En quelques mots, qui est Anthony Nkinzo ?
Je dois avouer que parler de soi n’est pas un exercice évident à faire. J’aurais aimé que d’autres personnes me présentent selon ce que les uns et les autres pensent de moi. Mais là encore, on n’est jamais à l’abri des révélations surprises.
Pour répondre à votre question, Anthony Nkinzo Kamole est congolais, marié à une seule femme, Andréa Izemengia Waku, avec qui nous avons cinq enfants. Je suis juriste de formation, Gradué en Droit de l’Université Catholique de Bukavu, et Licencié en Droit Public International de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), promotion « PROMOFORTE ». Depuis 2014, je possède une Certification en Études supérieures approfondies sur le Management Général Avancé de l’Université HEC Paris, en France. Actuellement, je suis inscrit dans un autre Programme certifiant en Stratégies d’entreprises, toujours à HEC Paris.
Je cumule à ce jour 22 ans d’expérience professionnelle autant dans le secteur public que dans le privé, avec une certaine expertise en matière juridique et fiscale, en relations publiques et lobbying, en communication, en gestion des ressources humaines et dans la gestion de l’administration.
Dans une autre casquette, je suis Pasteur dans une église chrétienne de la 37ème Communauté des Assemblées de Dieu, le Centre Missionnaire Philadelphie.
Grand amateur de sports, et notamment de Volleyball et de football (je suis un supporter de l’AS Vita Club et du FC Barcelone), je suis un excellent joueur de Babyfoot, de Scrabble et du jeu d’échecs.
- Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours socio-professionnel ?
En véritable autodidacte, ma carrière professionnelle débute avec quelques tentatives, très enrichissantes, dans l’entrepreneuriat. J’ai été vendeur pendant un temps pour me permettre d’avoir une certaine autonomie. J’ai vendu de l’huile de palme, du pétrole, de l’huile moteur ; et j’ai été gérant d’un laboratoire photos à Kasa-Vubu (Kinshasa).
Puis en 2000, j’ai intégré la Direction Générale des Contributions devenue, à la faveur de la réforme, Direction Générale des Impôts (DGI) comme Agent Vérificateur au niveau de la Direction de Recouvrement, jusqu’à devenir Assistant du Chef de Division du Recouvrement.
En 2004, j’ai quitté la Direction Générale des Impôts pour rejoindre le Cabinet d’audit international PricewaterhouseCoopers, un des Big 4, d’abord comme Staff Junior 1, puis Staff Junior 2.
Entre 2007 et 2012, j’ai travaillé pour Nestlé RDC comme Human Ressources and Administration Manager, puis Corporate Communication and Public Affairs Manager, siégeant au Comité de Direction. En 2012, je retourne à PricewaterhouseCoopers, cette fois en tant que Tax and Legal Manager en charge du conseil juridique et de l’évaluation fiscale pour les clients locaux et multinationaux.
Au cours du mois de mai de la même année, je suis appelé à la Vice-Primature, Ministère du Budget où j’ai exercé pendant plus de deux ans et demi comme Directeur de Cabinet. Après le Ministère du Budget, j’ai été Directeur de Cabinet au Ministère du Portefeuille de janvier 2014 à Décembre 2015. À la suite de cette dernière expérience, la providence a permis que je m’associe à Monsieur Benjamin Nzailu pour mettre en place un Cabinet conseil « ABN Nzailu & Co » dans lequel j’ai occupé pendant quelques temps le poste d’Associates Partner en charge du volet Juridique et Fiscal. Position que je n’occupe plus depuis ma nomination à mon poste actuel.
Par ailleurs, comme Consultant, j’ai participé à l’élaboration de l’organigramme de la Direction Générale des Recettes de Kinshasa (DGRK). J’ai également exercé comme 1er Administrateur du Centre Missionnaire Philadelphie. Toujours au Centre Missionnaire Philadelphie, j’ai été Responsable de l’École du dimanche où j’avais en charge l’encadrement des enfants et des jeunes adolescents. Un merveilleux travail qui me passionne encore aujourd’hui.
C’est en juillet 2017 que j’ai été nommé par Ordonnance présidentielle, Directeur Général de l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements, ANAPI en sigle. Et au mois de juin de cette année, j’ai été porté à la Présidence du Réseau International des Agences Francophones de Promotion des Investissements, RIAFPI en sigle, dont le siège se trouve à Abidjan en Côte d’Ivoire.
- Vous êtes Directeur Général de l’Agence Nationale pour la promotion des investissements. Dites-nous, la RDC est-elle attractive pour les investisseurs ?
La Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) a publié le 09 juin dernier son rapport annuel sur les investissements directs étrangers (IDE) dans le monde. Il en ressort que la reprise des investissements est une réalité au niveau mondial, avec des flux qui ont dépassé ceux d’avant la crise sanitaire du Covid-19. Les flux d’IDE à destination de l’Afrique ont principalement concerné un nombre réduit de pays, et la RDC a été classée parmi les 10 premiers bénéficiaires avec un flux estimé à 1,87 milliard USD en 2021, représentant une hausse de 13,33% par rapport à l’année précédente.
L’édition 2020 du classement de l’Africa CEO Forum et du Cabinet Deloitte a placé la RDC dans le Top 10 des pays africains les plus attractifs en matière d’investissement.
Ce sont là des signaux majeurs de l’attractivité retrouvée du pays, au moins dans le regard porté sur nous par les décideurs économiques mondiaux. On ne fait pas, en effet, progresser ses investissements sans qu’aient été remplies un certain nombre de conditions : une meilleure gouvernance, une anticipation d’une croissance soutenable, une meilleure qualité des facteurs de production, un rendement plus élevé du capital, la faculté de rapatrier ses profits, etc. Tous ces progrès, ces réformes réalisées depuis quelques années, sont, d’une certaine manière, avérées et authentifiées par les flux de fonds qui viennent créer de l’activité en RDC.
Ce regain d’intérêt pour l’investissement en RDC s’explique principalement par la stabilité politique et juridique que nous connaissons depuis l’alternance politique pacifique à la tête du pays en 2019, mais surtout par les fortes perspectives de rentabilité du pays. La RDC est un marché prometteur pour les investisseurs en raison de sa position géostratégique au cœur du continent et de sa démographie avantageuse, ouvrant l’accès à un marché de plus de 250 millions de consommateurs avec ses neufs pays voisins. La jeunesse de la population congolaise contribue en effet à l’abondance de la main-d’œuvre qui représente l’un des potentiels les plus importants pour une industrialisation à forte densité.
- Selon vous, quelles sont les raisons d’investir en RDC aujourd’hui ?
Outre la composante démographique, l’importance de ses ressources naturelles, celles de ses 80 millions d’hectares de terres cultivables, de son exceptionnel potentiel énergétique, de sa forêt avec des ressources environnementales inouïes, de ses réserves en minerais stratégiques, etc., sont autant d’atouts spécifiques du pays qui conduisent les investisseurs à considérer la RDC comme une destination privilégiée, voire incontournable pour les affaires.
Aujourd’hui, après des périodes troubles qui ont retardé son développement, la RDC est entrée dans une phase de mutation axée sur la diversification de son économie. Cette dynamique de redressement économique s’appuie sur la volonté de rétablir les bases d’une économie moderne, dont les rouages administratifs sont bien structurés et où la bonne gouvernance est la règle.
Une ambition soutenue par la mise en œuvre d’un cadre législatif et légal qui incite à l’investissement, et notamment la promotion de l’entrepreneuriat des congolais. Il y a d’abord la Loi sur la sous-traitance dans le secteur privé qui établit un certain équilibre en instaurant une discrimination positive du fait que les activités de sous-traitance soient réservées de façon exclusive aux entreprises à capitaux congolais, c’est-à-dire les entreprises dont les actionnaires congolais détiennent un minimum de 51%. Ensuite, il y a eu la création du Fonds de Garantie pour l’Entrepreneuriat au Congo (FOGEC), qui va permettre la mobilisation et la collecte des ressources financières nécessaires notamment à faciliter et à garantir l’accès des startups, petites et moyennes entreprises aux financements de leurs projets par les banques commerciales, les institutions de microfinance. Enfin, le Président de la République vient de promulguer l’Ordonnance-Loi n°22/030 du 8 septembre relative à la promotion de l’entrepreneuriat et de startups, et l’Ordonnance-Loi n°22/031 relative à la promotion de l’artisanat.
La RDC a donc engagé plusieurs réformes, incluant notamment la libéralisation des secteurs de l’énergie et des assurances, la mise en place d’un guichet unique pour les investisseurs, la rationalisation du système fiscal et la mise en place des parquets spécialisés pour la lutte contre la corruption et les crimes économiques. Ces réformes, les autres engagements pris auprès des institutions multilatérales, ainsi que la volonté du gouvernement d’améliorer le climat des affaires, sont autant de signes indiquant que le pays est prêt à attirer les investissements directs étrangers.
Et malgré les séquelles économiques de la pandémie du Covid-19 et les conséquences du conflit entre l’Ukraine et la Russie, le cadre macroéconomique congolais reste globalement stable. L’estimation actualisée de la croissance pour 2022, sur la base des réalisations de la production au premier trimestre, montre qu’elle atteindrait 7,1% contre 6,1% initialement prévu. Nous pouvons voir à travers cette croissance, bien qu’essentiellement tirée par le dynamisme de l’activité du secteur minier, des soubresauts de développement du secteur agricole et de l’immobilier.
Des tendances confirmées par les Agences de notation internationales. En juin dernier, la RDC a obtenu sa première notation financière souveraine auprès de l’Agence de notation Bloomfield Investment Corporation. Cette dernière avait, à l’occasion, présenté le résultat de ses analyses ayant permis à la RDC de se doter des notations en monnaie locale. Il s’agit notamment, de la note BBB (Note d’investissement) avec une perspective stable, à long-terme ; la note A2 (Note d’investissement) avec une perspective stable, à court-terme. Tout comme Moody’s qui, en octobre 2021, avait changé la perspective de la notation de la RDC de ‘Caa1, Perspective Stable’ à ‘Caa1, Perspective Positive’ en vue d’un éventuel rehaussement de la notation.
Retrouvez l’intégralité de l’interview dans notre édition du 29 Septembre 2022, baptisée édition RDCBoost.
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