Alain Yav Ndua est un entrepreneur chevronné, marketeur, producteur, CEO et co-fondateur de Pygma Communication. Il a été producteur des émissions télé-réalités congolaises notamment : Miss Congo en partenariat avec le Ministère du tourisme, Miss Vodacom et Vodacom Best of the Best. En 2013, il a reçu le prix de « Africa Awards for Entrepreneurship » remis par l’African Leadership Networks.
D’un bon Manager à Entrepreneur
Alain Yav débute ses années dans le vaste monde de l’entrepreneuriat après avoir passé 8 ans en corporate chez le géant mondial Procter&Gamble et le chocolatier Cadbury en Afrique du Sud. Une période pendant laquelle il a beaucoup appris sur le monde du corporate et qui va fortement influencer sa future carrière d’entrepreneur. Les fondations du Marketing, le travail en équipe, les process des grandes entreprises. Mais c’est surtout les vraies leçons humaines qu’il a retenues. Lorsque du jour au lendemain, la jeune star montante au top de sa performance se retrouve presque à la porte de la compagnie : « En un clin d’oeil, je suis passé de héros à zéro » se confie-t-il. À travers ces expériences plutôt douloureuses, il a su en tirer des leçons et a appris à gérer le système en comprenant ses limites. En 2002, pendant qu’il est encore en charge du département Marketing chez Cadbury a Johannesburg, avec un groupe d’amis ils décident de créer en parallèle Ideal Africa Solutions (IAS) une compagnie en Afrique du Sud qui en 2004 deviendra PYGMAGROUP.
Paul Kasseyet, Willy Yav (son frère), Jean-Pierre Gatarayiha, Mandla Msimang et Alain, leurs noms forment les initiales de P.Y.G.M.A. Ils vont commencer par quelques projets visant le reste du continent africain. Revenant de temps en temps à Kinshasa, ils prennent contact avec le groupe international Ogilvy&Mather, à la recherche d’une agence locale de communication pour ses clients internationaux en RDC. Ainsi nait Pygma-Ogilvy en 2004 avec comme principal client DSTV. En parallèle, cette entreprise à peine naissante a commencé à signer des contrats avec des grandes structures notamment, CELTEL, aujourd’hui Airtel, Bralima, Nokia, etc.
En 2011, la Direction Régionale du groupe Ogilvy change, et Pygma- Ogilvy devient Pygma Communication, l’une des premières agences de communication en RDC.
Une décennie après, Pygma
Après 18 ans d’existence, PYGMA ne fait plus face aux défis d’une simple startup parce qu’ils sont passés par différentes étapes au fil des années. Bien que le début fût excellent, Alain Yav souligne qu’ils ont rencontré plusieurs difficultés ensuite, « On a touché le ciel, et on a vu l’enfer des yeux » relate-t-il. Signalons que Pygma a vu le jour dans une époque où l’industrie de la communication était quasi inexistante. D’où, ils ont dû partir de zéro. Parmi les défis auxquels Pygma a fait face, Alain Yav souligne : les défis financiers c’est-à-dire la difficulté d’obtenir un prêt à la banque, les défis humains c’est-à-dire la difficulté de trouver une bonne équipe et les défis liés à la logistique entre autre les problèmes d’internet, d’eau, de courant, etc. Il souligne également les problèmes liés à l’environnement des affaires du point de vue légal, « Vous vous retrouvez en justice pour un rien, pour un oui ou pour un non, que vous ayez tort, que vous ayez raison, vous n’aurez pas nécessairement gain de cause, et c’est très compliqué. » Au fil des temps, ils ont su révolutionner l’industrie de la communication et ont créé leur propre concurrence.
Pygma est aujourd’hui considéré comme un pilier dans le domaine de la communication. Alain Yav souligne que la communication est un marché, une industrie en développement. « On continue à regarder devant. Je crois que c’est important de se réinventer ; c’est un métier dans lequel il faut continuer à rester frais ; il faut continuer à avoir des idées fraiches. C’est une responsabilité de faire mieux. » PYGMA à la base est une agence de pub qui s’est développé dans le corporate, ensuite les médias, l’événementiel, la production télé, la publicité, le show, les émissions. Mais le marché reste encore petit. C’est depuis plus de 10 ans que Pygma fait du digital. Mais pour Alain Yav, le secteur de la communication est un transformateur incroyable. Le digital dans les médias est devenu une source de consommation principale.
Facteurs de réussite et valeurs personnelles
Pour réussir dans le domaine de la communication, Alain Yav cite comme facteur de réussite ; les compétences : « Lorsqu’on a bien fait son travail, c’est le socle. Les environnements changent, les personnes changent mais lorsque vous avez bien fait les choses, votre première défense c’est ce que vous avez réalisé ».
Pour les PMEs qui aimeraient se faire connaitre, Alain Yav conseille d’avoir une bonne stratégie marketing car il ne sert à rien de chercher à se faire connaitre juste pour le fun. « Il faut se faire connaitre pour des bonnes raisons ; pour des raisons stratégiques. Aujourd’hui, beaucoup de PMEs veulent se faire connaitre, c’est plus pour leur égo personnel que pour l’impact sur leur business »
Pour le DG de Pygma, les valeurs qu’il prône sont : le travail, le respect commun car dit-il, le respect c’est gratuit, la constance et la transparence. « Moi je crois dans le fruit du travail. Je ne crois pas aux raccourcis. Lorsque la chance vient c’est un plus. Mais je ne mise pas sur la chance dans ce que j’entreprends. Je crois dans le leadership. Je crois que c’est une responsabilité. Je pense que les personnes qui arrivent à changer la donne autour d’elles quel que soit ce qu’elles entreprennent, sont celles qui sont capables de se poser les bonnes questions et de prendre position. Lorsqu’elles croient en quelque chose, elles sont capables d’inspirer et de motiver les gens à faire pareil ».
Ces personnes qui inspirent
Parmi les personnes qui l’inspirent, Alain Yav cite premièrement Nelson Mandela : « Etant donné les circonstances, quand tout était contre lui, il a réellement changé les choses ». Deuxièmement, ses parents. Troisièmement Barack Obama. Il précise que toutes ces personnes ne sont pas parfaites ; du reste il ne s’attend pas à des gens parfaits mais plutôt des gens qui auront marqué l’histoire par leurs choix et par le fait qu’ils ont cru en leur conviction et ont pu changer la donne et bouger les choses.
Quant à l’avenir, Alain Yav souligne que le Congo est un pays qui a tout pour nous et tout contre nous. « Je pense que le plus gros capital que nous ayons c’est le capital humain. Mais nous avons la difficulté de transformer ce capital humain en une ressource qui fait grandir notre pays ». Le Congo a tout ce qu’il faut insiste-t-il. « Pour l’avenir du pays, on a tout ce qu’il faut. Je pense que pour l’instant, notre bilan est négatif. Nous avons une grosse responsabilité de retourner la chose, chacun à son niveau » conclu-t-il.
Henock KUMBALI