Fifi Kikangala : La touche « Afrochic » dans l’architecture d’intérieur moderne

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Travail acharné et constance dans sa passion ; telle est la devise de cette talentueuse architecte d’intérieur. Découvrez Fifi Kikalanga Omoyi, une professionnelle en design, créatrice de la marque Omoy Interior Design et Professeur Assistante à l’Académie des Beaux-Arts.

Née le 18 juin 1974, Fifi Kikangala est issue d’une famille d’avocats. Attirée par le dessin et la décoration depuis sa tendre enfance, elle se démarque des choix « classiques de carrière » et décide plutôt de devenir architecte. Brillante et remplie d’avenir, c’est au Complexe Scolaire Nyota à Kinshasa qu’elle fait son cursus primaire et secondaire. Après l’obtention de son diplôme, elle quitte le pays pour la Belgique afin de poursuivre son rêve de devenir architecte. Fifi fait donc une année d’architecture, et se butte à des soucis administratifs, une situation pénible qui la pousse à interrompre ses études. Luttant pendant 7 ans pour un titre de séjour, le rêve de Fifi devient une illusion sans issue.

Au bout de la cinquième année de l’interruption de ses études, elle apprend alors l’existence d’une école à Mons qui assistait les étudiants sans-papiers. Une lueur d’espoir à laquelle Fifi décide de s’accrocher. En revanche, les filières organisées dans ledit établissement ne cadraient pas avec le rêve de la designer en devenir. N’ayant pas d’autre issue, elle va opter pour le Marketing alors qu’elle n’y connaissait absolument rien.

Inscrite, tout de suite Fifi prend goût à la filière grâce à des professeurs chevronnés, et tombe amoureuse du marketing. Sa situation administrative régularisée, elle voit le bout du tunnel. Une fois à la fin de son graduat, Fifi se retrouve devant une équation : continuer en marketing ou revenir à son ancien amour, l’architecture. Tiraillée entre deux choix totalement parallèles, elle trouve un équilibre et opte pour l’architecture d’intérieur.

Elle fait ses débuts professionnels par un court stage auprès d’un architecte d’intérieur avant de devenir conseillère de vente dans une grande enseigne de décoration en Belgique. Occupant ce poste pendant 3 ans, la débrouillarde faisait également des allers-retours dans son pays d’origine afin de tâter le terrain pour la réalisation de ses projets. Après avoir travaillé trois ans en Belgique, elle a un déclic devant une émission de télévision dans laquelle une femme immigrée en France se plaint d’avoir fait la même chose pendant vingt-deux ans sans réussir à se réaliser. Il était hors de question pour Fifi Kikangala de tuer ses ambitions au détriment d’une vie monotone. Après ce déclic, elle démissionne de son poste pour aller vers d’autres horizons.

Ambitieuse et déterminée, elle regagne Kinshasa pour mettre ses talents d’artiste au profit de son pays, la RDC. Curieusement, Son premier pas à Kinshasa n’a pas été celui d’une designer mais plutôt d’une entrepreneure à la tête d’une conciergerie privée. Une entreprise « Facilitatrice de vie », qui organisait des services shopping des produits venus de l’Europe.

Bien que regagnant Kinshasa pour installer son affaire, elle effectue des voyages entre l’Europe et la RDC pour assurer elle-même l’achat de qualité pour les produits commandés. « Tout arrive pour un but dans la vie » dit Fifi Kikangala, témoignant ainsi des bienfaits de ses cours de Marketing, dans la gestion de son business.

Son carnet d’adresse s’accroit et son talent artistique est repéré dans le milieu évènementiel. À l’occasion de la sortie officielle d’une Edition femme du magazine Optimum, Fifi obtient une occasion en or d’exposition auprès des cibles qu’elle a toujours rêvé d’atteindre. C’est ainsi que sa carrière de designer prend son envol. Les contrats s’enchaînent, et celle qui vivait à cheval entre l’Europe et l’Afrique, rejoint définitivement son pays natal.

Fifi considère la RDC comme une terre d’opportunités. Connaissant le marché européen, la designer déclare avoir eu à Kinshasa des occasions qu’elle ne pouvait pas obtenir en Europe  ; comme qui dirait : «  On est mieux que chez soi  ». À Kinshasa, la designer a trouvé l’endroit propice où elle pouvait librement exprimer son talent artistique.

Avec les réalités de la ville, Fifi ne pouvait plus suivre deux lièvres à la fois. Elle abandonne donc sa conciergerie pour rester focus sur le design, sa première passion. Exerçant souvent pour des projets évènementiels, elle a travaillé avec des grandes sociétés de la place à l’instar d’Optimum, Orange, Canal+, Vodacom, Airtel, Biac etc. De ces évènements est née sa toute première collection lancée en 2018. Une collection qui lui ressemble, un mélange de cette double culture qu’elle est fière de porter: une femme d’ici et d’ailleurs. Ces deux collections phares, la collection Kuba inspirée de l’Art Royal Kuba mais travaillé avec une touche de modernité(les tissus Kuba est mixé à des matériaux très moderne: résine d’acrylique etc..) et sa collection Mbila qui est une collection exclusive de luminaires (lustres, appliques, lampadaires) créées à partir de branches de palmier.

À défaut d’une main d’œuvre qualifiée à Kinshasa, et de surcroit d’une vulgarisation moins développée du métier, l’artiste avoue avoir eu des bâtons dans les roues à ses débuts de carrière de designer, mais cela n’a pas enfreint à sa vision de se distinguer et se développer dans ce domaine.

Aujourd’hui grâce à sa passion, sa créativité et sa constance, la créatrice de la marque Omoy Interior Design, qui présente différents meubles et accessoires de décoration intérieure avec une touche «  Afrochic  », se dit être prête à relever le défi de l’international. Une première étape a déjà était franchi lors de sa sélection à Paris Design Week en 2019, où elle a exposé dans une galerie parisienne de renom, s’en est suivi une sélection à Design week Lagos où elle a représenté la RD Congo à Lagos. La prochaine étape pour Fifi est d’affronter New York, Singapour, Miami et d’autres pays du monde.

Femme forte et constante, elle tient son caractère de sa mère qu’elle chérira toute sa vie. Elle est également inspirée par la personnalité de Madame Marie-Chantal Kanyinda dont elle salue la bravoure.

Optimiste, la professeure assistante à l’Académie des Beaux-Arts espère laisser un impact à travers ses réalisations afin que l’histoire du Design Congolais soit un jour racontée dans le monde entier.

Espérance DIANA

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