Mamitsho Pontshi : « Léopard volant », une étoile congolaise dans les airs

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Co-pilote dans la compagnie aérienne  Congo Airways depuis 2016, Secrétaire Générale de l’Association des pilotes du Congo et activiste des Droits des femmes, mentor chez Afriyan-RDC, un réseau de jeunes qui sert à promouvoir et accroître la participation des jeunes au développement de l’Afrique, Mamitsho  Pontshi Lobo surnommée «  Léopard volant  », est une fervente chrétienne possédant un diplôme en ingénierie civile en option exploitation aéronautique à l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées.

Le début de l’histoire

Née le 03 janvier 1985 et se considérant comme un produit fini de la RDC, Mamitsho Pontshi a fait la majeure partie de ses études dans plusieurs provinces de la RDC. Elle fait la maternelle à Buta dans le Bas-Uélé et l’école primaire à Kikwit dans le Kwilu avant d’obtenir son diplôme en Math physique à Mbuji-Mayi dans la province de Kasaï Oriental.

Son histoire avec l’aviation est née d’une révolte au vue de la discrimination sociale qu’elle a observée dans sa province d’origine, le Kasaï. En effet, la jeune Pontshi était contre la société patriarcale qui discriminait la femme et la réduisait à des tâches ménagères.

Après avoir observé ces disfonctionnements sociaux, elle décida d’embrasser des études en mathématique physique, considérées en ce temps comme des filières d’homme. Après une formation sur la parité organisée par son école, elle remarque pendant un voyage en avion à Kinshasa que dans le cockpit des avions il n’y avait que des hommes et les femmes membres d’équipage étaient toutes hôtesses. C’est dans le but d’inverser cette tendance qu’elle va nourrir le rêve de devenir pilote.

Un parcours rempli d’embuches

Après ses études en Math Physique, elle va à l’encontre des prédispositions de son père en s’inscrivant à l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées (ISTA), à Kinshasa pour faire la mécanique d’aviation. Elle en sort avec un diplôme d’ingénieur en aéronautique civile, option exploitation aéronautique. Ensuite elle décide de s’envoler pour l’Afrique du Sud afin de faire une formation en pilotage d’avion.

Une fois arrivée dans le pays de Nelson Mandela, elle débute sa nouvelle expérience avec l’aéronautique qui va mal se passer à cause du comportement raciste de ses enseignants. Déterminée à accomplir son rêve d’enfant, elle va rebondir et s’inscrire dans une autre école pour faire le pilotage privé pour devenir pilote commercial.

De retour à Kinshasa, elle commence son expérience professionnelle chez Goma Express, une entreprise qui faisait le transport de minerais dans la partie Est de la RDC. 90 jours après, elle arrête ce contrat pour une formation de qualification en HS125- 700&800 aux USA. Dotée de cette qualification, elle rentre dans son pays et commence une carrière florissante. Elle a notamment travaillé pour  Katanga Wings, dans le sud-est de la République Démocratique du Congo. Elle a également travaillé pour Air Baraka, à Kinshasa. Pendant ce temps, elle a été élue Secrétaire Générale de l’Association des pilotes du Congo. Depuis 2016, elle est co-pilote chez Congo Airways une entreprise publique à laquelle elle est fière d’appartenir.

Facteurs de réussite

Pour la Pilote, le rêve, le travail et la détermination sont les facteurs importants pour réussir dans la vie. À son avis, une bonne vision qui est accompagnée d’un travail acharné et de la détermination conduit sans aucun doute au succès.

La femme congolaise aujourd’hui

Au sujet de sa perception de la femme congolaise, elle pense que, en dépit des avancées considérables que le pays a initiées notamment dans la législation qui est aujourd’hui la meilleure en Afrique, il reste encore un grand travail à accomplir sur son applicabilité dans la vie de tous les jours. Elle pense que la lutte pour les droits des femmes est fragilisée par la mauvaise conception que nos sociétés possèdent. Cette dite perception réduit, selon elle, la femme à un rôle ménager qui lui est inculqué dès son jeune âge. Ce qui en résulte que les entreprises continuent dans la même démarche en imposant subtilement à la femme des tâches ménagères en dehors de ses responsabilités au sein de la structure.

Pour remédier à ce fléau, la pilote pense que le travail doit commencer par la cellule de base de la société qui est la famille. Les parents doivent, à son avis, faire tomber certaines constructions sociales et élever les enfants, fille comme garçon, de façon égalitaire même dans les petits détails en laissant à ces derniers la liberté d’exprimer leur potentiel dans n’importe quel domaine de la vie. « Dans nos familles africaines, nous avons caricaturé certains travaux comme le ménage aux femmes et cela commence dès le bas âge. Ce qui fait que les garçons ont plus de temps de se découvrir et développer leur potentiel intellectuel pendant que les filles sont obligées de s’acquitter de certaines tâches ménagères avant de se lancer dans les révisions des matières pour essayer tant soit peu de développer leurs capacités cognitives. » Explique-t-elle en exhortant les parents de laisser aux enfants la liberté de se connaitre et d’embrasser les secteurs qu’ils veulent en encourageant les filles à affronter des secteurs comme les sciences technologiques et mathématiques.

Le développement de la RDC, une affaire de tous

Patriote et possédant un amour ineffable pour son pays, elle pense que le développement de la RDC doit passer d’abord par une prise de conscience de tous les congolais sur l’impératif de développer cette nation riche à l’ère où le pays a une position décisive dans la question climatique. Ensuite, l’investissement sur la jeunesse, demeure à son avis un levier essentiel pour amener la RDC dans le développement. Investir sur les jeunes qui apportent des solutions innovantes dans les secteurs comme agriculture, le numérique et les sciences technologiques et mathématiques sont pour elle la voix de relèvement de son pays bien-aimé.

«  C’est en survolant la RDC que j’ai compris le potentiel énorme que nous avons. Malheureusement, nous ne l’avons pas encore exploité jusqu’à ce jour. La RDC est le territoire vierge que j’ai jamais survolé » témoigne–t-elle.

En dehors de ses longues heures dans les airs, Mamitsho s’investit à cœur joie dans son rôle de mentor au sein de Afriyan RDC, une structure qui travaille sur les questions liées à la santé de reproduction, l’entrepreneuriat et tous les sujets culturels qui ont trait aux jeunes. À part cette structure, elle intervient de temps en temps dans les conférences sur la motivation de la jeune fille pour une parité effective. Par ailleurs, « la Léoparde » qui survole la RDC, encourage les femmes congolaises à rêver grand, à travailler durement et à rester éveillée en ne laissant aucune place à la naïveté pour arriver à une société plus égalitaire basée sur les principes de complémentarité entre les hommes et les femmes.

Henock KUMBALI

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