Marie-Dolorès Mabuila : Un modèle de Leadership Féminin

Icietailleursmag_usa
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Originaire de la République Démocratique du Congo, Marie-Dolorès Mabuila, « Lolly » pour les intimes. Détentrice de deux masters, l’un en criminologie et l’autre en sciences politiques de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), en sigle. Elle compte plus de 20 ans de carrière dans la police Bruxelloise. Lauréate du prix International Women’s Leadership Award, l’inspectrice souhaite mettre son expérience et ses compétences au service de son pays d’origine.

Arrivée en Belgique au cours des années 1970, avec sa mère pour rejoindre son père qui terminait ses études. Elle y a grandi jusqu’à intégrer la police de Bruxelles. Après plus de 15 ans dans le secteur, elle s’est inscrite à l’Université Libre de Bruxelles où elle va décrocher successivement un master en criminologie et en science politique. Pour arriver à cette reconnaissance aujourd’hui, tout a commencé il y a 25 ans lorsqu‘elle poursuivait son cursus universitaire en psychologie à l’Université Libre de Bruxelles. Elle fut retenue comme stagiaire durant une année par le parlement Européen où elle a rencontré un parlementaire qui a été son coach durant cette période.

Le stage prit fin, elle s’est lancée dans la sécurité publique, et là, 25 ans après, elle rencontre le parlementaire qui fut son coach, ils échangent sur son parcours socio-professionnel et les difficultés rencontrées, il a été touché par le courage, la détermination et l’abnégation de Marie-Dolorès à aller plus loin et apporter un savoir, une richesse humaine à sa nation, la République Démocratique du Congo. « Il m’a encouragée quant à cette candidature européenne. » dit-elle.

En tant qu’inspectrice générale dans la police bruxelloise, Marie-Dolorès dit avoir fait face à des nombreuses difficultés, malgré ses oppositions, elle a su tenir tête face à toutes ces difficultés qui ont contribué aujourd’hui à sa réussite, «  Dans ce monde rempli de stéréotypes sexistes et racistes, me faire accepter en tant que femme était déjà difficile. Ajoutez-y ma couleur de peau, cela était encore plus dur, je menais une double lutte. » Raconte-t-elle.

Marie-Dolorès dédicace son prix aux femmes de la République Démocratique du Congo et leurs méandres douloureuses du quotidien, elle souhaite que cette reconnaissance qui est synonyme d’une énergie positive et d’un espoir pour un avenir meilleur contribue à l’allègement de toutes ces souffrances.

Trois facteurs selon elle, contribuent à la réussite, elle énumère le fait d’avoir un objectif bien cadré, il faut avoir de la personnalité et être persévérant. Elle paraphrase son père qui disait : « Ma fille, les études ce n’est pas l’intelligence mais la persévérance. », à la persévérance, il faut ajouter le fait d’avoir du cœur, être une personne emphatique, prompte à voler au secours de l’autre et enfin, avoir la foi, car tout est possible à celui qui croit.

Lors de son discours à l’International Women’s Leadership Award, elle s’est exprimée sur le contexte de mondialisation et de globalisation et sur le fait que la RDC doit pouvoir répondre rapidement à des nombreux enjeux sécuritaires (tels que le terrorisme, les crimes violents à caractère sexuel et la traite des êtres humains, etc.), par de nouvelles politiques criminelles adaptées au contexte de cette jeune nation. Les acteurs devront mettre l’ensemble des procédés par lesquels le corps social organise les réponses à la criminalité en général, et particulièrement celle axée sur la femme. »

Marie- Dolorès veut mettre l’accent sur la perpétuelle évolution du monde et le besoin en outils politiques, économiques et sociaux nouveaux pour répondre au contexte Congolais. La logique managériale consiste à optimiser le fonctionnement de l’organisation et accompagner son développement. Elle impose d’agir avec raison, d’appliquer des méthodes et des normes de gestion pour limiter la prise de risque et assurer la pérennité de l’État.

Selon elle, un des problèmes majeurs de la RDC est le manque de suivi dans les processus managériaux et ce, à tous niveaux des Institutions Étatiques. Elle se questionne sur comment évoluer sans remise en question ou évaluation des processus ? En résumé, il faudrait modéliser l’enchaînement des activités de l’État pour produire un résultat donné à partir d’éléments entrant et systématiser la séquence en la réévaluant en bout de cycle. Toute organisation humaine, toute activité, se doit pour un coté opérationnel efficace, tenir compte de ces évidences tant théoriques que pratiques, « telles que je les ai vécues lors de mes différentes interventions au sommet de l’OTAN, pendant la visite du président Trump, au niveau du Tour de France en passant par le sommet ASEM et la gestion de tous les sommets européens pour n’en citer que quelques-uns. » explique-t-elle

Deux noms, deux femmes, deux exceptions générationnelles et marques de distinction, pour citer Michèle OBAMA et Maman Denise Nyakeru TSHISEKEDI ont inspiré le parcours de Marie-Dolorès Mabuila. Pour la première son incroyable parcours l’a menée d’un quartier populaire de Chicago à la Maison Blanche et ses leçons de femme qui n’a cessé de dépasser ses limites. Quant à la seconde, orpheline de père et de mère à l’âge de neuf mois suite à un accident de voiture, sa trajectoire va la conduire à rencontrer celui qui allait devenir le 5è président de la RDC. Par ses diverses actions consacrées à la femme congolaise, la Première Dame valorise l’éducation par la formation des filles et porte un regard maternel et responsable à la santé de plusieurs femmes congolaises.

Faisant un parallélisme entre le parcours de ces deux femmes et son parcours, Marie-Dolorès constate que sa persévérance lui a permis d’aller au bout de ses cursus universitaires et d’en sortir plus forte et plus construite mentalement.

S’exprimant sur la lutte de l’égalité de genre pour un avenir durable, Marie-Dolorès conclut qu’il reste encore beaucoup trop à faire dans la lutte pour l’égalité de genre en RDC, le plafond de verre et de culture mettent à mal cette égalité homme-femme. Les femmes doivent pouvoir également avoir les moyens de faire entendre leur voix et d’être égales dans la prise de décisions liées aux changements climatiques. « Aux femmes du monde entier, soyez fortes et exemplaires, produisez de l’espoir et de l’identification aux jeunes générations.

Aux femmes congolaises n’ayez pas honte ou peur de qui vous êtes, dressez vos fronts, longtemps courbés, et pour de bon prenez le plus bel élan, dans la paix, pour faire valoir votre voix et contribuer efficacement à la durabilité de l’humanité, le monde en a besoin. »

Grace NKUNKU

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