Mireli Tobele : L’instinct de survie d’une jeune entrepreneure

Icietailleursmag_usa
5 Min. de lecture

Native de la République Démocratique du Congo, Mirelie Tobele est cadette d’une famille de trois enfants. Diplômée en Arts plastiques à l’Académie des Beaux-Arts, elle a aussi suivi une formation en comptabilité à l’Institut Nationale de Préparation Professionnelle, INPP en sigle. A l’âge de 21 ans, elle lance le concept «  Mwana Nsuka  », une entreprise qui fournit de la braise à la population congolaise.

Débrouillarde depuis l’école secondaire, Mirelie Tobele a toujours voulu avoir une activité qui lui permettrait d’être indépendante financièrement. Ayant des rêves comme toute jeune fille de son âge, elle est consciente que l’argent ne tombe pas du ciel, elle s’est décidée de vendre de la braise communément appelé « Makala » dans leur parcelle familiale. Elle qui avait fait des humanités artistiques, l’idée de vendre des makala n’a pas été bien perçue par son entourage. Mirelie dit avoir reçu beaucoup de critiques par rapport à son activité venant même de ses amis proches : « Un jour, ma meilleure amie m’a dit que je devrais avoir honte de vendre de la braise alors que je suis une belle fille. Et cela m’avait beaucoup choqué » raconte-t-elle. Mais elle a aussi reçu des encouragements venant de sa famille et certains de ses proches.

Issue d’une famille modeste, Mirelie n’avait beaucoup de moyens financiers pour débuter son commerce. Elle a commencé en achetant un sac de braise qu’elle vendait en détail soit un sachet de braise à 1000 Fc. Cette jeune entrepreneure mettait de côté le peu de bénéfice qu’elle gagnait avec son petit commerce. Avec ses économies et l’aide de certains de ses proches, aujourd’hui elle parvient à vendre des sacs de braises et possède même un dépôt de braise.

Ce commerce n’étant pas du tout facile, Mirelie souligne qu’elle rencontre plusieurs difficultés entre autres : l’état délabré de nos routes, l’insécurité, le problème de livraison car n’étant pas véhiculée, son secteur de livraison est très limité. Mais il y a aussi ce dilemme de déforestation auquel elle fait face (Ndlr : La braise est le moyen de cuisson le plus utilisé par la population congolaise à cause du problème lié au manque d’électricité. La population étant majoritairement pauvre, elle n’est pas en mesure de se procurer du gaz. Supprimer la vente des braises reviendrait à pénaliser toutes ces femmes et jeunes filles qui se lèvent tôt pour nourrir leurs familles. Le dilemme de la déforestation et l’instinct de survie de la population congolaise est une question que le gouvernement devra étudier minutieusement).

Mirelie reste confiante en ce qui concerne l’avenir. Elle aimerait pouvoir légaliser son entreprise et avoir des dépôts de braise qu’elle pourra livrer dans toute la ville de Kinshasa. Mais avoir son propre atelier de céramiste est son plus grand rêve.

Elle conseille à toutes les jeunes filles qui contrairement à elle ont peur, voire honte de se lancer dans un commerce quelconque de ne pas rester les bras croisés attendant d’avoir un bureau climatisé car cela n’arrive pas toujours. Elles doivent chercher à se créer une activité qui leur procure de l’argent. Comme facteurs de réussite, elle cite premièrement : il faut s’attendre à tout car dans la vie, il y a des hauts et des bas. On ne reçoit pas directement ce que l’on espère. Deuxièmement, la détermination. Il est même possible que vous puissiez échouer mais il faut avoir de la détermination. C’est elle qui vous dictera si vous devez continuer ou abandonner. Et troisièmement, la persévérance. N’attends de recevoir des encouragements des autres pour avancer car les hommes peuvent se lasser de toi. L’envie et la détermination doivent venir de toi. L’important est de réussir.

Prisca ALISI

Partager cet article