Nathalie Domai : Le travail acharné pour réduire les inégalités homme-femme

Icietailleursmag_usa
10 Min. de lecture

Mère, épouse, servante de Dieu et Directrice du Bureau du Conjoint du Chef de l’État, Nathalie Domai Muehe est une femme entreprenante qui mène aujourd’hui le combat de la lutte pour les droits des femmes à côté de la Distinguée Première Dame. Retrouvez dans cette interview accordée au Magazine Ici et Ailleurs, son parcours, ses difficultés et sa vision sur la femme.

• Pourriez-vous vous présenter en quelques mots en donnant votre background académique et votre parcours professionnel ?

Nathalie DOMAI MUEHE est une Chrétienne, mère de 4 enfants et épouse du Pasteur Ken LUAMBA KISAKA, Coordonnateur des églises du Centre Missionnaire Philadelphie «  CMP  » et visionnaire du ministère chrétien d’encadrement des couples mariés « OUI JE LE VEUX ».

Après avoir décroché ma Licence (BAC + 5) en Finances, Banque et Assurance à l’Université Protestante au Congo, je suis depuis septembre 2019 pour trois ans un Executive Master In Business International à l’école de commerce ESCP Business School Europe. Il s’agit d’un programme de formation en management international dans les domaines-clés de l’organisation  (finance, marketing, opérations, ressources humaines, informatique et management). J’espère par la grâce de Dieu pouvoir décrocher mon diplôme de Maitrise au cours de cette année.

J’estime avoir une bonne expérience en gestion et contrôle des organisations. Après avoir passé 9 ans dans le secteur bancaire comme agent et auditrice (RAWBANK et Banque Congolaise), j’ai rejoint pour 4 ans en tant que Contrôleur de gestion et Coordinatrice du Centre Missionnaire Philadelphie, une communauté dont le Visionnaire, l’Apôtre Roland DALO, assurait le leadership. En 2018, j’ai créé une structure d’accompagnement et de conseil des organisations dénommée « Restruct Support » avec pour missions la restructuration, le conseil, l’accompagnement et assistance des entreprises. C’est dans ce cadre que ma structure a été sollicitée pour accompagner la Distinguée Première Dame, Madame Denise NYAKERU TSHISEKEDI après l’accession de son Mari, son Excellence Monsieur le Président de la République Felix TSHISEKEDI à la Magistrature Suprême en janvier 2019. Depuis juillet 2019, j’occupe la fonction de Directrice du Bureau du Conjoint du Chef de l’Etat « BCCE ».

• Selon vous, quels sont trois facteurs de réussite ?

À mon avis, les facteurs-clés de réussite sont la préparation à travers la formation, le travail et l’opportunité qui est du domaine purement divin c’est-à-dire la Grâce. En effet, comme le dit la parole de Dieu au sixième verset du Psaumes 84 : Heureux ceux qui placent en Dieu leur appui ! Ils trouvent dans leur cœur des chemins tout tracés. Trouver une opportunité est une chose et être en mesure de la saisir et d’en profiter en est une autre.

• Vous avez plusieurs casquettes, comment faites-vous pour concilier cela et quels conseils donneriez-vous aux femmes étant dans la même situation ?

Effectivement ce n’est pas évident de jouer plusieurs rôles à la fois en tant qu’épouse et mère, Femme de Pasteur, Servante de Dieu, Entrepreneur et Directrice du Bureau de la Première Dame dans un environnement complexe comme le nôtre mais j’avoue sincèrement que le Seigneur me fait grâce d’y parvenir. Très tôt, le Seigneur m’avait fait comprendre que je devais être comme la femme dont parle la bible dans Proverbes 31 : 10 – 31, celle qui est destinée à faire plusieurs choses à la fois. En effet, la force de cette femme reposait principalement sur son sens de l’organisation. Ayant compris cela je me suis beaucoup investi dans mon parcours à apprendre sur le sens de l’organisation et la discipline à travers la formation, l’observation des autres femmes multitâches qui arrivent à trouver le bon équilibre entre leur vie familiale et professionnelle, les expériences personnelles en famille notamment de ma mère et de ma grande sœur, des femmes très disciplinées. Le Seigneur m’a fait grâce d’avoir le flair sur le choix des collaborateurs et d’avoir une bonne délégation des tâches dans les équipes que je dirige.

J’avoue que c’est non seulement stressant mais surtout épuisant comme rôle mais Dieu m’a également donné un allié de taille, un très bon mari, un coach, un stratège et surtout un ami dont l’aide ne peut être sous-estimée. Je m’appuie beaucoup sur lui, sur ses conseils et encouragements.

Aux femmes se trouvant dans ma situation mais aussi à celles qui aspirent à avoir plusieurs casquettes, je leur dirais d’être persévérante, de croire en Dieu et en elles-mêmes. Comme moi, je leur demande de méditer sur la femme de Proverbes 31 : 10 – 31 car dans cet enseignement le Seigneur nous décrit le potentiel de la femme et sa capacité à faire plusieurs choses à la fois et à bien les faire. J’aimerai aussi insister pour les plus jeunes sur la formation à laquelle elles devraient s’investir totalement.

• Quelle est votre perception sur le rôle de la femme dans le monde professionnel d’aujourd’hui ?

Sur le plan professionnel, la femme a le même potentiel que l’homme. Elle devrait elle-même en être consciente et se battre pour trouver sa place dans le monde professionnel. Ce n’est que par le travail acharné, la persévérance, la perspicacité et l’éthique qu’elle pourra s’affirmer et réduire sensiblement les inégalités de sexe dans le monde professionnel actuel. J’aime la citation d’une dame qui se nomme Christina Olangue qui dit ceci : «  l’excellence fait taire la question du genre  » Une fois que l’excellence s’invite, la question du genre disparaît. Les femmes doivent s’évertuer à être excellentes dans le monde professionnel.

• Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées dans votre carrière ? Qu’en tirez-vous comme leçon ?

J’ai été plusieurs fois victimes de discrimination durant mon parcours professionnel à cause du genre et de mon âge. Certains des Responsables que j’ai eu dans mon parcours estimaient que j’étais trop jeune pour assumer certaines responsabilités ou occuper certains postes. D’autres, par contre, préféraient confier certaines responsabilités aux hommes plutôt qu’à moi au motif de me protéger. Cette situation m’a permis de me battre durant tout mon parcours et chercher à m’affirmer lorsque des postes de responsabilité m’étaient confiés. Plutôt que de percevoir ces difficultés comme des obstacles insurmontables, je les ai simplement pris pour des opportunités et des sources de motivation pour avancer et faire bouger les lignes autour de moi.

Une autre difficulté rencontrée dans mon parcours est le fait de diriger les hommes dont certains étaient plus âgés que moi. J’ai eu des rapports professionnels assez difficiles avec certains hommes dont l’égo était fort.

• Pensez-vous que si vous étiez un homme, vous alliez rencontrer les mêmes difficultés ?

Bien évidemment que non.

• « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable », est le thème mondial retenu pour la Journée internationale des femmes de mars 2022. Que reste-t-il encore à faire aujourd’hui dans la lutte sur l’égalité de genre selon vous ?

Je pense toutefois que l’éducation et la sensibilisation des femmes et de la jeune fille demeurent les seules voies efficaces pour lutter contre les inégalités de genre. Pour cela l’engagement permanent de toutes les femmes est primordial.

• Selon vous, que faudrait-il de la part de chacun de nous pour bâtir notre Nation ?

Il nous faut simplement aimer notre pays partout où nous sommes. Sans l’amour de la patrie, il est illusoire d’espérer bâtir une nation forte.

• De quelle réalisation êtes-vous particulièrement aujourd’hui ?

Parvenir à Servir Dieu, mon pays et être en mesure d’être présente pour mon mari, mes enfants et ma famille tout en étant utile pour les autres aussi.

• Que faites-vous dans vos temps libres ?

Je consacre mes temps libres au sport, à la lecture et à suivre les séries télévisées de suspens.

Henock KUMBALI

Partager cet article