Raïssa MALU : La scientifique qui fait briller la RDC

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Physicienne de formation, professeure des sciences et des mathématiques, auteure-éditrice de manuels scolaires, consultante internationale en éducation, Raïssa Malu est membre du Panel présidentiel chargé d’accompagner la Présidence de la République Démocratique du Congo à la mandature de l’Union Africaine, exercice 2021-2022 où elle est en charge des domaines éducation, jeunesse, science, technologie et innovation.

Sa passion pour les sciences et les technologies n’est plus un secret. « Le plus important dans la vie, c’est de faire ce qu’on aime », déclare Raïssa Malu. Son père, le feu Professeur, docteur et Ingénieur Félix Malu wa Kalenga était l’un des grands intellectuels d’Afrique. Elle tire certainement cette passion de son père. Toute sa réflexion sur le monde ne tourne qu’autour des lois de la physique et du langage mathématique. Le seul langage qui, selon elle, fait du sens.

Elle s’est confiée au Magazine « Ici et Ailleurs » au cours d’un entretien dans lequel elle justifie les avancées de l’écosystème congolais dans le secteur du digital et de nouvelles technologies de l’information et de la communication, parlant particulièrement de la semaine de la science et des technologies qui a connu un impact considérable au cours de sept précédentes éditions.

Faits et chiffres

En termes des chiffres, 51.500 participants ont été enregistrés dans les sept éditions au cours desquelles 250 élèves animateurs sont formés et 127 animations scientifiques proposées. Elle note la présence de 132 exposants au Village des Sciences et 78 conférenciers parmi lesquels les Professeurs Mabi Mulumba et Muyembe.

Trois concours nationaux ont été organisés. Il y a l’existence d’une base de données des Femmes dans les sciences, technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) en RDC. Raïssa mentionne également l’octroi de 15 Bourses pour ces femmes avec le Sultani Makutano. L’impact a été visible par la production de 44 capsules vidéo pour le programme « Apprendre à la Maison », en réponse à la fermeture des écoles suite à la pandémie de COVID-19. « Nous avons participé à l’impression de 10.000 visières 3D avec l’initiative COVID19DRC du Professeur Jonathan Mboyo Esole », ajoute Raïssa Malu qui indique également le développement d’un prototype de respirateur d’urgence avec Women’s Technologies innovation de Thérèse Kirongozi.

C’est pour la première fois, pense-t-elle, qu’on parle autant en RDC de sciences, de mathématiques et des femmes dans ce domaine depuis l’organisation de la semaine de la Science et des Technologies. « Nous faisons aujourd’hui partie du paysage local. Ce n’est pas encore un succès national, mais le simple fait que vous me demandiez de paraitre dans votre magazine est bien la preuve qu’en RDC on s’intéresse un peu plus aux femmes dans les STEM », estime Raïssa Malu.

La 8e édition de la Semaine de la Science et des Technologies se tiendra du 5 au 17 avril 2021 autour du thème « Arts, culture et patrimoine : un levier pour construire l’Afrique que nous voulons ». C’est ainsi que sera célébrée la Présidence de la RDC à l’Union Africaine pour l’exercice 2021-2022. Selon Raïssa, les activités seront en mode virtuel et la particularité de cette édition réside dans la formation des enseignants. « Si nous voulons améliorer la qualité de l’enseignement des sciences et des mathématiques, il faut investir massivement dans la formation (initiale et continue) des enseignants », a-t-elle dit, précisant que ces formations se tiendront dans trois provinces de la RDC, à savoir : Kongo Central, le Nord-Kivu (Goma) et Katanga (Lubumbashi).

Femme et science

Pour faire comprendre à la jeune femme que les sciences ne sont pas une exclusivité de la gent masculine, Raïssa Malu aime bien prêcher par l’exemple. Elle explique : « Dans toutes nos activités, nous formons, travaillons et mettons en avant les filles et les femmes pour casser les stéréotypes. Cela devra être naturel pour tous de voir une fille ou une femme se lancer dans des études et une carrière dans les STEM et performer dans ces domaines ».

Raïssa reste fière avec toutes les avancées enregistrées dans ce domaine. Elle est satisfaite d’entendre des témoignages venant de plusieurs personnes qui ont participé aux activités de la Semaine de la Science et des Technologies, de voir comment cette activité a impacté leur vie et choix professionnel.

Pendant cinq ans, Raïssa Malu a dirigé le Projet d’éducation pour la qualité et la pertinence des enseignements aux niveaux secondaire et universitaire (PEQPESU). Elle juge son bilan positif et estime que, c’est l’un des meilleurs projets développés dans le secteur de l’éducation et le premier projet sectoriel qui implique les deux ministères, à savoir : celui de l’enseignement primaire, secondaire et technique, et celui de l’enseignement supérieur et universitaire. Malheureusement, déplore-t-elle, ce projet a été mis en œuvre dans une période difficile (2016-2021) marquée par l’instabilité politique, une épidémie (Ebola) et une pandémie (COVID-19).

Malgré ce contexte, il y a eu élaboration d’un nouveau cadre stratégique de l’enseignement secondaire, la production de tous les programmes éducatifs de sciences et de mathématiques de six années de secondaire. « Ceux des deux premières années sont déjà en vigueur dans les écoles, et nous avons rénové et/ou équipé 36 laboratoires modèles », rassure Raïssa.

Réagissant sur le mandat du président congolais à la présidence de l’Union africaine, Raïssa souligne que le Panel, dont elle est membre, est chargé d’assister le Chef de l’État dans l’implémentation de sa vision et de son plan d’actions. La vision stratégique du numéro un de la RDC est « une Union africaine au service des peuples africains ». Pour mieux servir l’Afrique, la RDC envisage d’asseoir l’action de sa présidence de l’UA sur plusieurs piliers prioritaires, notamment la promotion et la consolidation des initiatives de l’Union africaine dans la lutte contre la COVID-19; la promotion d’une Communauté panafricaine responsable, consciente de son Histoire, de son potentiel artistique et de la richesse de son patrimoine culturel.

Pour entreprendre dans les NTIC, Raïssa suggère aux femmes de se connecter à ceux qui œuvrent déjà dans ce domaine. « Il faut développer des relations, intégrer des réseaux, développer ses compétences et connaissances et innover. Ce sont des domaines très exigeants qui demandent beaucoup de travail. Si on n’est pas passionnée, on abandonnera vite », a-t-elle martelé.

Par ailleurs, elle propose aux femmes d’avoir des modèles positifs de leadership féminin. Les femmes ont besoin de confiance, de paix et de sécurité pour pleinement s’épanouir.

Henock Kumbali

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