Sophie OLIVIER : Un calibre à la tête de la CCIFC

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Française installée en RDC depuis douze bonnes années, Sophie Olivier est Directrice Générale de la Chambre du Commerce et L’industrie Franco-Congolaise depuis 2017. Mariée et mère de deux enfants, elle est licenciée en sociologie. Formation qu’elle a complétée par des modules en psychologie et en ressources humaines.

Après avoir travaillé à Monaco et dans le sud de la France, Sophie rejoint la RDC où elle va travailler comme Directrice Générale dans l’un des organismes internationaux basés au Congo. Elle est comptée parmi les cent vingt directeurs au monde des chambres de commerce et d’industries françaises installées à l’étranger.

Le rôle de cette chambre de commerce est d’accompagner toutes les entreprises françaises qui veulent développer leurs marchés à l’export et trouver des partenaires dans les pays étrangers. Au niveau de la RDC, la CCIFC facilite la rencontre entre les communautés d’affaires congolaises et françaises. Les motivations principales de Sophie, dans ses choix professionnels, reposent sur le sentiment d’être utile, et la possibilité d’apprendre en continu. Le sens du service se retrouve comme qualité nécessaire pour chacune des missions qu’elle a eu à relever. L’avoir, c’est une des clés du succès.

“Avoir des challenges, sortir de sa zone de confort ne sont pas des éléments suffisants pour réussir. Malgré le fait qu’on entende ce mantra à tort et à travers” explique-t-elle. Les trois facteurs pour réussir, selon elle, sont plutôt le sérieux, l’intégrité et de la constance. « Nous sommes dans un monde qui va de plus en plus vite, dans un environnement complexe de plus en plus insécure », rappelle Sophie Olivier. « Donner confiance à ses partenaires, ses collaborateurs ou ses clients, passe par un service de bonne qualité et de niveau constant. »

Si elle devait tirer les leçons de ses débuts de carrière, elle conseillerait aux jeunes de ne pas se précipiter. Ne pas chercher tout de suite à grimper les échelons et à se jeter corps et âme dans un métier. La jeunesse permet d’essayer, d’échouer, et de se réorienter. Les portes sont ouvertes à 20 ans. Il faut donc prendre son temps pour éprouver ses choix et ses vocations. Le métier dont on rêve ne se dévoile peut-être pas tout de suite. Nombreux sont ceux qui désirent occuper directement de postes des responsabilités. Mais à 40 ans, il est plus difficile de tout recommencer à zéro, de changer de voie radicalement. « Il y aura toujours des opportunités pour bifurquer », mais elles auront un coût personnel plus élevé. Il est donc urgent de prendre son temps quand on est jeune, afin de bien savoir ce que l’on veut faire.

Du leadership féminin

Selon Sophie Olivier, pour que la femme s’affirme en tant que leader dans la société, elle ne doit pas nécessairement apprendre les éventuels codes et postures masculins « Il n’est pas question d’incarner un rôle d’homme, de chercher son charisme, sa corpulence, sa voix. Il s’agit simplement d’être compétent pour s’affirmer ».

« Au niveau du management féminin, il me semble que l’autorité s’obtient par l’exemple et l’expertise, peut-être davantage que par une domination frontale », estime-t-elle.

Au sein d’une entreprise, poursuit-elle, l’homme et la femme sont complémentaires à tous les niveaux. L’apport de chacun est indispensable et remarquable. « Il est dommage que l’on en soit encore à se poser la question du rôle et de la contribution de la femme au sein d’une entreprise. Les choses devraient aller de soi, et on devrait passer à un autre débat. Les femmes ont atteint des postes de direction, tels que le FMI, l’OMC, la BCE. Malheureusement, certaines sociétés ne sont pas encore « mûres » sur la question et légitiment ainsi les actions des femmes qui militent pour un traitement plus égalitaire. Il faut du temps pour qu’une société se réorganise après une telle crise des « rôles » (anciennement l’homme au travail, la femme à la maison). Mais crise ne veut pas dire que la mise en doute des schémas intériorisés est mauvaise chose. La crise permet de refonder de nouveaux équilibres. Les hommes ne doivent pas avoir peur des nouvelles formes d’organisation sociale qui pourront découler de cette émancipation. »

Elle reconnait en outre le dynamisme dont font preuve les femmes congolaises. Elle est d’avis que l’entrepreneuriat féminin est important en RD Congo. Au-delà du business, la femme joue un rôle important dans son foyer. Mais cela ne devrait pas l’empêcher d’entreprendre et de s’assumer financièrement. La femme, selon elle, doit réfléchir aux limites que lui a imposées la tradition pour s’en libérer et évoluer. L’entrepreneuriat féminin au Congo, indique-t-elle, est « un témoin de l’émancipation progressive de la femme. »

À la question « Qui sont vos modèles », elle admet ne pas en avoir. Dans les disciplines qui l’intéressent, elle lit avec plaisir des chercheurs qui font référence dans leur domaine. Mais concernant la vie de tous les jours, ou sa réussite professionnelle, elle refuse les idoles. Les seules personnes dont le regard compte sont ses proches. « C’est uniquement envers eux que je me sens avoir le devoir de rendre des comptes », dit-elle.

Keren Bisale

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