Marlène Ngoyi : Contribuer au développement de la RDC est un devoir patriotique.

Icietailleursmag_usa
8 Min. de lecture

D’origine congolaise, Marlène Ngoyi passe sa jeunesse entre la Belgique, le Gabon et la RD Congo où son père exerçait sa profession de gastroentérologue. Après son baccalauréat au Cardinal Mercier en Belgique, elle poursuit ses études universitaires en économie et finances à l’université de Bentley et son MBA à la Harvard Business School aux États-Unis.

Après des stages professionnels à la Banque de New York et à BNP Paribas; elle commence sa carrière au sein de la Banque d’affaires de Merrill Lynch à New York. À Merrill Lynch, son rôle est principalement de lever des capitaux pour les entreprises pétrolières et d’électricité majeures en Amérique du Nord. Sur une période de presque 20 ans, elle a respectivement assumé les rôles d’Associé au sein de Reliant à Chicago, de Portfolio Manager pour l’Afrique chez Grassroot Business Fund à Washington DC et de Chargée d’Investissements Sénior au sein de Catalyst à Nairobi dans le secteur du capital à risque. Elle a ensuite rejoint BGFIBank à Libreville en qualité de Directeur Général de sa Banque d’affaires et ensuite de Directeur Général Délégué de BGFIBank Europe basée à Paris.

Entre Novembre 2018 et Mars 2021, la financière a été nommée par la nouvelle gouvernance de BGFIBank RDC en qualité d’Administrateur Directeur Général afin de lancer un programme ambitieux pour accélérer la transformation de la Banque avec des objectifs de performance de gestion et de conformité, lesquels ont pu être atteints en 2020 avec les efforts de l’ensemble du personnel et le soutien de l’actionnaire unique BGFI Holding.

Questionnée sur le secret de son parcours, Marlène partage : « Aimez ce que vous faites et faites ce que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». À cela elle ajoute qu’elle a fait le choix tout au long de sa carrière de rester authentique, analytique mais également intuitive.

Après un processus de recrutement extrêmement sélectif, son entrée à Merrill Lynch est une des plus grandes fiertés professionnelles de Marlene Ngoyi, « à l’âge de 22 ans, diplôme universitaire en main, j’ai été recrutée par Merrill Lynch et ce premier poste à définitivement poser les jalons du restant de ma carrière  », relate Marlène. À l’époque, ses collègues étaient majoritairement masculins opérant dans un environnement très hautement chargé en testostérone. De surcroit, elle était une des rares africaines parlant « haute-finance » avec un accent français. Qu’à cela ne tienne, cette expérience a été formative et plutôt que de succomber à la tentation du mimétisme, elle a fait le choix de faire de ses différences, des atouts plutôt que des faiblesses. C’est durant cette expérience qu’elle a résolu d’être Marlene Ngoyi et rien d’autre. Cette expérience lui a ouvert beaucoup de portes professionnelles et académiques ; mon expérience à Merrill Lynch a beaucoup contribué à mon admission à l’Université d’Harvard.

Interrogée sur les raisons l’ayant poussée à revenir en RDC après une carrière internationale, Marlène Ngoyi a exprimé qu’il était sain «  de ne pas se demander systématiquement ce que la RD Congo peut faire pour nous mais plutôt ce que chacun peut faire à son niveau respectif pour le pays  ». Elle estime qu’il est important de transmettre des valeurs de travail, d’intégrité et de volontarisme aux générations futures. Son souhait est que les débats théoriques sur les potentialités, cèdent la place à l’action et aux résultats. Cela sous-entend un effort de nous transformer de spectateurs ou commentateurs en véritables acteurs afin de mener des actions concrètes pour chacun de contribuer positivement à son niveau respectif.

Concernant l’économie congolaise, Marlène Ngoyi estime qu’il est impérieux de développer et d’exécuter une stratégie de substitution des importations au profit d’une production locale pour servir de manière optimale un marché estimé à plusieurs milliards de dollars. Elle pense également que parallèlement, la RD Congo doit mettre en exécution une stratégie d’exportation de ses matières premières et de son énergie évalués à des milliards de dollars. Elle rajoute que certains éléments incontournables sont des prérequis et donc des priorités pour la bonne exécution de cette stratégie.

Notamment, Marlène estime qu’il est impérieux de développer un réseau de distribution nationale et international optimal passant par des infrastructures portuaires, ferroviaires et routières afin de faciliter le développement de chaînes de distribution. De plus, elle suggère le développement prioritaire de l’accès à l’eau et à l’électricité pour faire émerger le secteur agro-alimentaire et l’industrialisation ou la transformation en général. Elle soutient également le développement d’un cadre juridique attractif permettant l’entrée de partenaires privés de premier plan. Selon elle, c’est le secteur privé avec ses capitaux quasiment illimités qui pourra de la manière la plus déterminante investir les capitaux requis à l’émergence des infrastructures requises pour le décollage de la RDC. Enfin, elle appuie la formation technique de la population laquelle doit contribuer avec sa main d’œuvre à l’émergence de ces nouvelles industries. Cela permettra, a-t-elle ajouté, de sortir nos compatriotes de l’informel, de créer une classe moyenne pouvant satisfaire ses besoins de base et contribuer fiscalement à la pérennité de l’émergence économique du pays. Finalement, Marlène souligne que la paix et la stabilité restent des socles importants pour ce développement tant souhaité.

Même si elle a repris aujourd’hui des fonctions d’Administrateur indépendant au sein d’institutions panafricaines, Marlène Ngoyi estime rester Ambassadeur de son pays où qu’elle se trouve et promet de mettre en jeu ses connaissances et son réseau au service de la RDC afin de contribuer positivement et concrètement au développement de celle-ci. «  Les atouts naturels, minéraux, agricoles et énergétiques ainsi que l’ingéniosité, la jeunesse et la résilience de sa population fait du Congo un pays idéal. On pourrait difficilement demander mieux ou plus, c’est à nous de nous battre avec la dernière énergie pour transformer cela en une réalité. D’autres l’ont fait, avec moins que nous et en très peu de temps et nous pouvons, nous devons collectivement faire de même car personne ne le fera à notre place», a conclu Marlène Ngoyi.

Grace NKUNKU

Partager cet article